Quel entrepreneur n’a jamais rêvé d’augmenter sa productivité, de repousser ses limites et d’exploiter pleinement son potentiel ? Pour ma part, je me lamente très régulièrement du fait que je n’ai le temps de rien dans une journée. Alors, bien sûr, c’est exagéré, mais ça reste criant de vérité pour bon nombre d’entre nous. Mais ça, c’était avant de me dire que je pouvais peut-être y faire quelque chose.
En effet, les études en neurosciences ont changé ma perception du fonctionnement cérébral et m’ont ouvert de nouvelles perspectives pour améliorer mes performances. Certes, apprendre à « hacker » notre cerveau est dans l’air du temps, et vous vous dites peut-être que c’est encore l’une de ces tendances sans fondement qui fait parler sur les réseaux ? Pourtant, après moult recherches de mon côté, et quelques essais également, je vous confirme qu’il est possible de muscler sa concentration et de décupler sa motivation. Le plus difficile, c’est surtout de tenir dans la durée.
Les bases du fonctionnement cérébral
Pour comprendre comment hacker votre cerveau et améliorer votre productivité avec les neurosciences, vous devez déjà connaître les bases de son fonctionnement. Parce que oui, notre cerveau est un organe complexe, composé de plusieurs zones qui ont chacune un rôle bien spécifique.
Les différentes zones du cerveau et leurs rôles
Prenons par exemple le cortex préfrontal, situé à l’avant du cerveau. Celui-ci est le siège de la concentration, de l’attention et de la prise de décision. C’est lui qui nous permet de rester focalisés sur une tâche et de résister aux distractions (bon, pour certains c’est plus facile que d’autres). À l’inverse, le cortex pariétal, à l’arrière du crâne, joue un rôle majeur dans la mémoire de travail et notre capacité à manipuler mentalement des informations. Quant aux lobes temporaux, sur les côtés, ils sont impliqués dans le langage, la mémoire à long terme et la reconnaissance des visages ou des objets.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’au centre du cerveau se trouve le système limbique, notamment composé de l’hippocampe, une petite zone primordiale pour la mémoire et l’apprentissage, et de l’amygdale, qui gère les émotions et les réactions de stress. Enfin, le cervelet et le tronc cérébral, à l’arrière du crâne eux aussi, coordonnent les fonctions motrices et automatiques comme la respiration et le rythme cardiaque.
Le cycle neuronal : comment naissent les pensées ?
À ce stade, vous vous demandez peut-être comment émergent nos pensées dans ce fascinant enchevêtrement de zones cérébrales ? Eh bien, c’est assez simple, puisque tout part de l’activité de nos (presque) 100 milliards de neurones. En fait, toutes ces cellules nerveuses communiquent entre elles par des signaux électriques et chimiques au niveau des synapses. Lorsqu’un neurone est suffisamment stimulé, il déclenche un potentiel d’action, une décharge électrique qui se propage tout au long de son axone jusqu’aux synapses où des neurotransmetteurs sont libérés pour activer d’autres neurones.
Et c’est la somme de ces décharges neuronales en chaîne qui crée nos perceptions, nos émotions, nos pensées, nos décisions et nos gestes. Bien sûr, certaines chaînes sont innées, déterminées génétiquement, là où d’autres se forment et se renforcent par l’expérience et l’apprentissage, mais aussi par un phénomène appelé « potentialisation à long terme ». En d’autres termes, plus on active une chaîne de neurones, plus elle devient automatique, voire dominante. C’est le cas par exemple lorsqu’on apprend un nouveau geste et qu’il finit par devenir un réflexe à force de répétitions.
La plasticité cérébrale, ou comment reprogrammer son cerveau
La bonne nouvelle, c’est donc que le circuit neuronal n’est pas figé. Notre cerveau possède une incroyable capacité que l’on appelle la neuroplasticité. Il peut en permanence créer de nouvelles connexions, en renforcer ou en affaiblir d’autres, et il peut même faire naître de nouveaux neurones dans certaines zones comme l’hippocampe. C’est ce qui lui permet de s’adapter, d’apprendre, d’acquérir de nouvelles compétences tout au long de sa vie.
Et c’est là que ça se joue pour vous, amis entrepreneurs (ou pas d’ailleurs) ! Effectivement, des études en neurosciences ont d’ores et déjà prouvé qu’il est possible de volontairement reprogrammer son cerveau, comme vous le feriez avec un ordinateur. En répétant certaines activités ou certaines façons de penser, on crée et on consolide de nouveaux réseaux neuronaux. Cela signifie que l’on peut réussir à développer notre mémoire, à muscler notre concentration, à gérer notre stress, ou même à ancrer de bonnes habitudes.
Les grands principes des neurosciences pour muscler sa productivité
Maintenant que j’ai posé les bases du fonctionnement du cerveau, je vous propose d’explorer comment les neurosciences peuvent nous aider à développer notre productivité au quotidien. Parce qu’il suffit de quelques techniques clés pour optimiser les capacités de votre esprit et atteindre vos objectifs professionnels.
Optimiser son focus et sa concentration
Tout bon entrepreneur le sait, la concentration est le pilier d’une bonne productivité. Or, notre attention a tendance à être facilement distraite, d’autant plus dans notre environnement numérique qui stimule notre cerveau en permanence. Alors, pour muscler votre concentration, vous allez devoir solliciter le cortex préfrontal.
Vous allez me dire que c’est bien sympa, mais comment on fait ? Eh bien, cela passe entre autres par des exercices de pleine conscience comme la méditation. Vous devez vous entraîner à focaliser votre attention sur votre respiration et vos sensations corporelles, car cela renforcera les connexions du cortex préfrontal et améliorera votre capacité à rester concentré sur une tâche. De courtes séances de 5 à 10 minutes par jour suffisent dans un premier temps, mais vous pouvez les augmenter progressivement.
Il est aussi important d’éliminer un maximum de distractions lorsque vous travaillez : coupez les notifications, aménagez un espace calme, segmentez votre journée en blocs dédiés à une seule tâche, etc. Et puis surtout, limitez le multitâche qui est un véritable tueur de productivité. Non seulement le cerveau perd en moyenne 40 % de son efficacité quand il jongle entre plusieurs activités, mais il sécrète aussi une plus forte dose de cortisol, l’hormone du stress.
Développer sa mémoire de travail
Évidemment, impossible d’être efficace sans avoir une bonne mémoire ! Plus précisément, c’est la mémoire de travail qui joue un rôle clé dans votre productivité, puisque c’est elle qui vous permet de garder à l’esprit toutes les informations pertinentes pendant la réalisation d’une tâche. Pour la renforcer, vous devez donc entraîner votre cortex pariétal.
À ce titre, des exercices de visualisation et de mémorisation s’avèrent très efficaces. Par exemple, essayez-vous aux palais mentaux, en associant notamment les éléments à retenir à des lieux familiers dans un trajet que vous visualisez. Cela vous permettra de localiser spatialement vos souvenirs et de les rendre plus concrets. Commencez par mémoriser votre liste de courses dans les différentes pièces de votre maison !
N’hésitez pas non plus à cartographier vos idées et vos projets sous forme de schémas heuristiques ou de cartes mentales. Le fait de transformer l’information en images et en arborescences sollicite l’hémisphère droit du cerveau et décuple ses capacités de mémorisation. De célèbres entrepreneurs comme Richard Branson sont d’ailleurs adeptes de cette technique pour augmenter leur productivité.
Gérer son stress et ses émotions
Je ne vous l’apprends pas, le stress et les émotions peuvent être les ennemis jurés des entrepreneurs. Et par extension, ce sont aussi les ennemis jurés de la productivité. Sous-pression, notre amygdale cérébrale prend le pas sur le cortex préfrontal et nous fait réagir de manière impulsive et irréfléchie, ce qui réduit notre capacité de concentration et de prise de décision. Pour contrer ces effets, les neurosciences nous invitent à agir à la fois sur le corps et sur l’esprit.
Côté corps, la respiration est votre meilleure alliée. En cas de stress, forcez-vous à inspirer profondément par le ventre pendant 5 secondes, retenez votre souffle 5 secondes de plus, puis expirez doucement pendant 5 secondes à nouveau. Répétez l’exercice 5 fois. Grâce à ce rythme, vous activez le système nerveux parasympathique et permettez un retour rapide au calme. Sur ce créneau, la cohérence cardiaque, une technique de respiration régulière qui rééquilibre le rythme cardiaque, est tout à fait recommandée 3 fois par jour.
Côté esprit, vous n’avez d’autre choix que d’apprendre à prendre du recul sur vos pensées négatives. Plutôt que de vous identifier à elles, observez-les comme des événements mentaux temporaires, qui ne reflètent pas nécessairement la réalité. Comme nous l’avons vu plus haut, la méditation aide beaucoup à développer cet état d’esprit détaché. Vous pouvez aussi tenir un journal pour extérioriser vos émotions, car coucher vos ruminations anxieuses et vos doutes sur papier vous évitera de les laisser polluer votre esprit.
Entretenir sa motivation sur la durée
Une chose est sûre, il est difficile de rester productif sans un bon niveau de motivation. Or, celui-ci dépend des neurotransmetteurs qui activent nos circuits de la récompense, principalement la dopamine, la sérotonine et les endorphines. Pour entretenir ces précieux messagers, il faut donc, là aussi, les stimuler régulièrement.
Mais comment faire ? Eh bien, pourquoi ne pas commencer par dynamiser votre dopamine en fractionnant vos gros projets en petites étapes et en vous récompensant à chacune d’elles. Le cerveau adore les victoires rapides et fréquentes qui le poussent à persévérer. De même, en exprimant régulièrement votre gratitude envers vous-même et les autres, vous augmentez votre production de sérotonine. Le moindre petit renfort positif contribue à votre sentiment de bien-être et de confiance sur le long terme.
Et puis, n’oubliez pas de ponctuer vos journées de petits plaisirs qui déclenchent les endorphines. Écoutez votre musique préférée, discutez avec un ami, accordez-vous une courte sieste ou lisez un bon livre… Tout ce qui peut préserver votre équilibre émotionnel impactera positivement votre cerveau.
Mettre en place de nouvelles habitudes cérébrales
Je viens de passer en revue les techniques issues des neurosciences pour travailler sur votre productivité. Mais l’autre question à régler concerne maintenant les moyens de les ancrer durablement dans votre vie. Parce que la clé reste effectivement d’en faire de nouvelles habitudes, d’entraîner votre cerveau à les adopter de manière automatique.
Le pouvoir des routines du matin
Que ce soit lorsqu’on est enfant ou adulte, le matin est un moment décisif pour amorcer une journée productive. Par conséquent, en mettant en place un rituel de 30 à 60 minutes dès le réveil, vous entraînez votre cerveau à démarrer directement en mode efficacité. Votre routine peut inclure une séance de méditation pour développer votre attention, un exercice de visualisation positive pour stimuler votre motivation, une session de lecture pour nourrir votre créativité, etc. L’essentiel est de faire de ce moment un rendez-vous agréable et énergisant pour débuter votre journée du bon pied.
Planifier ses journées en s’accordant avec ses rythmes chronobiologiques
Les neurosciences ont aussi démontré que notre cerveau n’est pas constant dans ses performances. Au contraire, il suit des cycles ultradiens d’environ 90 à 120 minutes au cours desquels ses capacités de concentration et de mémoire varient. Ainsi, plutôt que de forcer en permanence et à n’importe quel moment, apprenez à vous caler sur ce rythme naturel.
Par exemple, alternez des phases de travail intenses d’1h30 maximum, lorsque votre énergie mentale est au top, avec des pauses régulières de 15 à 20 minutes pour recharger vos batteries. Et puis, réservez vos tâches les plus exigeantes au moment où vous êtes le plus productif (généralement le matin pour la plupart des gens) et les activités secondaires lors de vos baisses de régime. Votre cerveau vous remerciera !
Ritualiser ses moments de créativité
Pour libérer votre potentiel créatif, vous avez compris que vous devez stimuler votre cerveau régulièrement. Le mieux reste donc d’instaurer des rituels quotidiens ou hebdomadaires dédiés à la génération d’idées. C’est un petit peu le principe du design thinking, en beaucoup plus libre. Brainstorming matinal en solo de 15 minutes avec un bon café, séance de mind mapping tous les lundis, session de lecture chaque dimanche, etc., vous n’avez finalement que l’embarras du choix.
Ce qui est sûr, c’est qu’en réservant un espace mental à la créativité, vous donnez à votre cerveau l’habitude de s’exprimer pleinement. Et cela tombe bien, parce qu’en tant qu’entrepreneur, vous devez être à l’écoute de vos intuitions et laissez libre cours à votre imagination sans la brider. C’est en autorisant votre esprit à sortir de sa zone de confort qu’il pourra connecter de nouvelles idées de manière originale et, qui sait, vous permettre de conquérir vos premiers clients si vous vous lancez.
Prioriser le sommeil et l’activité physique
Le meilleur moyen de prendre soin de votre cerveau est sans doute de veiller à votre hygiène de vie globale. À ce titre, le sommeil est l’élément fondateur de votre productivité, puisque c’est pendant que vous dormez que votre cerveau consolide vos apprentissages, régénère vos cellules nerveuses et évacue ses toxines. C’est pour cette raison qu’il faut dormir un minimum de 7 heures par nuit, voire idéalement 8 heures.
Quant à l’activité physique, c’est un autre pilier à ne pas sous-estimer. Faire du sport de façon régulière, au moins 30 minutes 5 fois par semaine, impacte l’oxygénation de votre cerveau, stimule la production de nouveaux neurones, réduit le stress, et améliore la mémoire et la concentration. Si vous êtes débordé, tentez le tout pour le tout et intégrez des mini-séances d’exercice dans votre routine : quelques squats entre deux réunions, un jogging d’un quart d’heure le midi, etc. L’important est d’être constant !
En tirant des leçons des enseignements des neurosciences, vous disposez d’un bon mode d’emploi pour hacker votre cerveau et devenir un entrepreneur plus productif. Bien entendu, l’idée n’est pas de vous transformer en homme ou femme bionique, loin de là. Il ne s’agit que d’une reprogrammation superficielle via la répétition régulière de certains exercices. Si c’est possible pour les enfants, vous vous doutez bien que ça l’est aussi pour les adultes !