Vous l’avez peut-être remarqué vous aussi, mais de plus en plus d’entrepreneurs, à commencer par moi, se questionnent sur leur productivité, ou devrais-je dire, leur hyper productivité. La « hustle culture » (culture de l’hyper productivité, en français) n’est en effet plus si populaire qu’elle a pu l’être par le passé. Il y a encore quelques années, les réseaux sociaux étaient blindés de recommandations vues comme la voie royale vers le succès : enchaîner les heures de travail, ne pas compter son temps quitte à sacrifier sa vie personnelle, et se mettre une pression constante en suivant ses résultats soirs et week-ends.
Néanmoins, les choses sont en train de changer. La nouvelle tendance est clairement au décrochage de cette hyper productivité qui, sous ses airs de réussite, s’avère plus que toxique pour notre santé mentale et physique. Et ça, la nouvelle génération d’entrepreneurs l’a bien compris !
Mais alors, pourquoi cette culture longtemps glorifiée se voit peu à peu remise en question ? Et comment cela risque d’impacter le monde de l’entrepreneuriat ? C’est ce que je vous propose de voir ensemble.
Les illusions de la « hustle culture »
Comme d’autres entrepreneurs, j’ai longtemps cru que la « hustle culture » était une approche indispensable pour atteindre mes objectifs et connaître le succès. Et sans surprise, je pensais que cette mentalité visait à tout sacrifier au nom du travail, de la performance et de la sacro-sainte productivité. J’étais jeune, ambitieuse, et ma vie tournait uniquement autour de mon business.
Mais plus j’ai pris de l’âge, plus j’ai avancé, et plus j’ai découvert à quel point cette mentalité me faisait du mal. Et sans surprise, j’ai fait un burn-out. Je n’avais que 31 ans…
Aujourd’hui encore, la société a une tendance naturelle à valoriser cette démarche. Si vous cherchez sur Amazon, vous trouverez une quantité astronomique de livres qui font l’apologie d’une discipline de fer et d’une détermination sans faille. Et avec l’émergence du storytelling sur les réseaux sociaux, toutes les mauvaises habitudes liées à l’hyper productivité se voient accentuées. Après tout, comment résister face à toutes ces personnes qui postent leurs victoires après de longues heures de travail ? Même lorsque ce n’est jamais formulé de manière explicite, le discours sous-jacent laisse peu de place à l’interprétation.
Ce n’est pas pour rien que de nombreuses entreprises, surtout du côté des start-ups, continuent de glisser la hustle culture dans leur process de recrutement ou leur gestion des collaborateurs. Rien de tel que les profils « workaholics » pour booster sa performance !
Sauf que la nouvelle génération d’actifs et d’entrepreneurs n’est pas dupe. Elle a bien compris que cette hyper productivité perpétuelle ne laisse aucune place au bien-être. La santé mentale est devenue un sujet de société à part entière, et tout le monde est désormais au courant des effets délétères du surmenage et de l’épuisement. Le burn-out n’est plus une légende urbaine.

Selon Harmonie Mutuelle, 72 % des fondateurs et fondatrices d’entreprise qualifient leur état physique et mental de « mauvais ».
Les conséquences du surmenage et la remise en question
Entre la pression pour rester compétitif et la peur de rater une opportunité de développement professionnel, nombreux sont les entrepreneurs pris dans un engrenage dont ils n’arrivent pas à s’extirper.
Et bien entendu, je parle ici des entrepreneurs, mais les salariés sont tout autant concernés. Personne n’est à l’abri de cette glorification du sacrifice. Parce que non, l’adage qui veut que « plus on s’acharne, plus on mérite les succès » est complètement faux. Si ça peut fonctionner pendant un temps, vous finissez par exploser en plein vol et impacter durablement votre activité. C’est un fait avéré.
Lorsque j’ai fait mon burn-out, j’ai dû tout arrêter durant plusieurs mois. Mon entreprise était pourtant ma seule source de revenus. J’avais des clients, beaucoup de clients, mais je ne savais pas dire non. Et même si je me suis retrouvée avec un super chiffre d’affaires, et même si je croyais être forte au point que toutes ces questions de santé mentale ne me concernaient pas, je n’ai jamais pu reprendre ce travail.
À l’époque, j’étais directrice artistique et graphiste. Enfin, je n’étais pas que ça, mais c’était mon activité principale. Je passais des heures sur Photoshop et j’adorais ça. C’était un travail passion. Mais croyez-le ou non, je n’ai plus jamais rien tiré de ma créativité graphique après cet épisode, à tel point que j’ai dû me repositionner sur autre chose.
Je n’ai pas pu continuer à exercer mon métier, même une fois remise. C’est ça la réalité de la « hustle culture ».
De l’hyper productivité à la recherche d’un équilibre
Depuis quelques années, je crois même depuis la crise sanitaire de 2020, on voit émerger une nouvelle conception de la réussite. Il n’est plus seulement question d’atteindre des objectifs ambitieux en un temps record.
J’ai, pour ma part, choisi de mettre en place plusieurs stratégies pour ne pas retomber dans mes vieux travers. J’ai ainsi revu mes horaires de travail, en me tenant strictement aux plages délimitées, et je ne travaille plus le week-end, parce qu’après l’heure, ce n’est plus l’heure.
Et puis surtout, j’accorde davantage de crédit à mon temps de repos et à mes loisirs, ce que je ne prenais plus le temps de faire. Car j’aime beaucoup de choses en dehors de mon travail ! Si pendant longtemps, ces activités me paraissaient dérisoires, elles sont aujourd’hui ma priorité. J’ai atteint un âge assez avancé pour savoir que mon bonheur ne se trouve pas dans mon travail.
Attention, j’aime mon activité, et j’adore ce que je fais, mais il y a plein d’autres choses que j’adore faire et que j’aime encore plus, sauf que je ne peux pas en vivre. Or, je crois fermement qu’on peut être ambitieux et parvenir à de grands résultats tout en étant plus mesuré dans son engagement professionnel au quotidien. Ce qui est sûr, et je parle de ma propre expérience, c’est que ce n’est pas en ignorant ses besoins fondamentaux qu’on atteint la gloire et le succès.
Alors, si vous vous posez déjà ces questions après quelques années d’entrepreneuriat (ou même de salariat), croyez en mon expérience, accordez-vous du temps pour décrocher de votre job. Que ce soit pour passer du temps avec vos proches ou pour vous lancer dans l’apprentissage de la trompette, votre développement professionnel s’accorde quoi qu’il arrive avec votre bien-être mental et un environnement équilibré. Osez ralentir et repenser la façon dont vous travaillez !