En tant qu’indépendante depuis 2007, j’ai vécu de près la transformation du monde professionnel. Aujourd’hui, le modèle de travail hybride n’est plus un ovni, c’est une réalité bien ancrée depuis la crise sanitaire due au COVID. De nombreuses entreprises ont donc pris le pli et se sont même développées en 100 % télétravail, ce qui aurait été impossible à imaginer il y a une dizaine d’années.
Mais comme vous devez vous en douter, un environnement de travail hybride se doit d’être maîtrisé, sous peine que les entreprises perdent le contrôle sur leur productivité. C’est bien ce qui pose problème à certaines structures ayant d’ores et déjà annoncé faire machine arrière et revenir à un cadre traditionnel, à l’image d’Ubisoft ou de Disney.
La révolution du travail hybride est là pour durer
Avec une génération de jeunes actifs toujours plus soucieuse de son bien-être et du respect de son temps libre, il me semble évident que les différentes formules du travail hybride ne sont pas prêtes de disparaître. Les entreprises n’ont plus le choix si elles veulent recruter les talents de demain.
À travers mes différentes missions, j’ai pu constater cette transformation profonde dans la façon dont les entreprises se sont mises à envisager l’organisation du travail. Si certains de mes clients ont adopté le travail hybride par nécessité durant la pandémie, beaucoup ont découvert les avantages de ce mode de fonctionnement et l’ont pérennisé. En 2022, 80 % des grandes entreprises françaises avaient fait le choix de ce modèle, et les chiffres montraient que 72 % des employés le considéraient comme plus approprié que le système traditionnel.
En tant qu’indépendante qui pratique le télétravail depuis plus de 15 ans, je ne peux que témoigner des avantages de cette flexibilité. Mais cela exige une réflexion approfondie au sein d’une structure plus importante que la mienne. Parce qu’en ce qui me concerne, je n’ai pas d’employés. Adopter un modèle de travail flexible ne consiste donc pas uniquement à dire au personnel qu’il peut travailler de chez lui quelques jours par semaine. C’est tout un écosystème qu’il faut repenser, des espaces de bureau aux outils de collaboration, sans oublier les méthodes de management et la culture d’entreprise.
Concrètement, c’est quoi le travail hybride ?
Si je devais résumer le modèle hybride, je dirais que c’est comme « avoir le beurre et l’argent du beurre ». D’un côté, les employés peuvent profiter, s’ils le souhaitent, de l’environnement stimulant du bureau, avec ses moments de convivialité et d’échanges. D’un autre côté, ils bénéficient de la flexibilité du télétravail, ce qui leur permet de travailler depuis leur domicile ou n’importe quel autre lieu (coworking, etc.).
On ne va pas se mentir, cette flexibilité est désormais un véritable avantage compétitif pour attirer et retenir les talents. Dans la plupart des entreprises qui adoptent cette politique, il est clair que cela mène à une nette amélioration de la satisfaction des collaborateurs. Après tout, qui ne serait pas satisfait de pouvoir adapter son lieu de travail en fonction de ses besoins ? Le calme du domicile pour les tâches qui nécessitent de la concentration et l’effervescence du bureau pour les projets collaboratifs. Voilà un équilibre parfait !
Le travail hybride n’a pas qu’un seul modèle
Bien que j’ai observé cette stratégie chez un certain nombre de mes partenaires, toutes les entreprises ne peuvent évidemment pas appliquer le 100 % télétravail. C’est d’autant plus vrai que tous les postes ne sont pas adaptés à cette approche. Mais ce serait une erreur de penser que le travail hybride ne suit qu’un seul modèle, à savoir celui du télétravail total. En vérité, il existe plusieurs options possibles.
Le modèle le plus répandu est certainement celui « à la carte », où les collaborateurs peuvent organiser leur semaine comme ils le veulent, en alternant entre présence au bureau et travail à distance. Bien sûr, une telle flexibilité exige une excellente communication et des outils adaptés, mais contre toute attente, cette stratégie encourage la responsabilisation. Les employés apprennent à gérer leur temps de manière plus efficace et à choisir le meilleur environnement selon leurs tâches.
D’autres entreprises préfèrent le modèle « jours fixes », plus structuré puisqu’il impose des jours précis en présentiel. Par exemple, toute l’équipe est au bureau les lundis et mardis, et en télétravail le reste de la semaine. Vous l’aurez deviné, c’est une option qui facilite la planification des réunions et la gestion des espaces de bureau. L’avantage de ce modèle est qu’il permet de maintenir un rythme régulier et prévisible.
Et puis, n’oublions pas le modèle « par équipe » qui, comme son nom l’indique, permet à chaque équipe de définir son propre rythme en fonction de ses besoins. Là où les développeurs d’une agence de communication préféreront travailler à distance pour se concentrer sur leur code, une équipe commerciale appréciera davantage le présentiel pour tenir une bonne dynamique collective. L’inconvénient de cette solution est qu’elle nécessite une coordination plus poussée entre les services, en particulier pour organiser les réunions transversales et les projets communs.
Cette liste est évidemment non exhaustive. Il existe beaucoup d’autres schémas (semaine fractionnée, semaine par semaine, etc.).
L’impact du travail hybride sur la productivité
Contrairement aux craintes des entreprises qui n’ont jamais opté pour ce système, le passage au mode hybride a un impact positif sur la productivité. Rien de tel que des employés heureux pour observer une augmentation de l’efficacité individuelle, notamment pour les tâches qui demandent de la concentration. Cerise sur le gâteau, la réduction du temps de transport libère un créneau que chacun peut consacrer à son travail ou à sa vie personnelle.
Une chose est sûre, concilier vie professionnelle et vie privée est aujourd’hui primordial. C’est la clé pour une plus grande satisfaction des collaborateurs, qui aboutit, elle-même, à une meilleure productivité.
Le travail hybride à son lot de défis
Si la mise en place d’un modèle de travail hybride demande une grande réflexion, c’est avant tout pour faire face aux défis de cette approche. C’est notamment le cas pour tout ce qui concerne la sécurité des données, car il est important de protéger l’entreprise tout en permettant aux collaborateurs de travailler dans de bonnes conditions. Cela peut donc impliquer l’utilisation de VPN sécurisés, la mise en place de l’authentification à deux facteurs, ainsi que des formations régulières sur les bonnes pratiques de cybersécurité.
Également, l’isolement est un risque réel du travail à distance. Pour le prévenir, un système de suivi personnalisé est probablement la meilleure solution. Ici, chaque manager maintient un contact régulier avec son équipe, que ce soit pour le suivi professionnel ou pour s’assurer du bien-être de chacun. À ce propos, un système de mentorat (inclus, par exemple, dans le processus d’onboarding) facilite l’intégration des nouveaux employés.
Je ne peux pas non plus ne pas vous parler du souci d’équité entre les collaborateurs, car cela peut vite devenir un enjeu majeur. Les opportunités professionnelles et l’accès à l’information doivent être les mêmes pour tous, qu’ils soient au bureau ou en télétravail. Dans cette logique, les réunions sont systématiquement organisées en format hybride, sans oublier les participants à distance.
Comment mettre en place un environnement hybride réussi ?
Si vous êtes convaincu à ce stade de votre lecture, vous vous demandez peut-être comment concrétiser cet environnement hybride au sein de votre propre entreprise ? La réponse tient en 3 points : technologie, transformation des espaces et lien social.
Je ne vous apprends rien, la technologie est le pilier d’une collaboration efficace à distance. Mieux vaut donc prévoir une infrastructure numérique complète pour permettre aux équipes de travailler ensemble, quel que soit leur lieu de travail. Il ne s’agit pas simplement d’avoir des outils de visioconférence, mais bien de créer un véritable environnement numérique avec des données centralisées. Communication en temps réel, partage de documents, gestion de projet, etc., autant d’éléments à prendre en compte pour ladite infrastructure. Mais attention, un tel bouleversement n’est pas sans conséquence sur les équipes, qui doivent être formées pour maîtriser ces technologies et en tirer le meilleur parti.
Quant aux bureaux, ils doivent eux aussi être repensés pour répondre aux besoins du travail hybride. Dans l’idéal, l’espace n’est plus organisé en rangées de bureaux individuels, mais plutôt en zones fonctionnelles pour chaque besoin. Il faut aussi créer des espaces de collaboration équipés de la technologie nécessaire pour inclure les participants à distance (salle calme, visioconférence, etc.). À cela peuvent s’ajouter des espaces de concentration pour le travail individuel et des zones moins formelles pour les pauses et les échanges.
Enfin, comme j’ai pu l’aborder précédemment, le grand défi du travail hybride reste le maintien du lien social entre les collaborateurs. Pour y répondre, plusieurs initiatives sont possibles, comme l’organisation d’événements réguliers qui rassemblent toute l’équipe et alternent entre formats présentiels et virtuels, ou encore l’instauration de « cafés virtuels » lors desquels les collaborateurs se retrouvent pour discuter de sujets non professionnels.
En bref, je suis convaincue que le travail hybride est une évolution durable de notre façon de travailler. Les entreprises qui sauront s’adapter et créer un environnement de travail flexible auront un immense avantage dans les années à venir. Mais pour cela, elles doivent trouver un équilibre entre flexibilité et structure, entre autonomie et collaboration. Certes, c’est un défi permanent qui exige des ajustements réguliers, mais le jeu en vaut la chandelle puisque les bénéfices en termes de satisfaction des employés, de productivité et d’attractivité sont indéniables. Quel est votre avis sur la question ? Est-ce que le télétravail ou le modèle hybride est en vigueur dans votre entreprise ? Partagez votre expérience en commentaire.
