Si je suis bien convaincue d’une chose, c’est qu’en tant qu’entrepreneur, on ne peut plus se contenter d’être spectateur face à la crise climatique. Nos activités, aussi modestes soient-elles, ont un impact. Et même si vous ne gérez pas une usine en Chine ou un parc de poids lourds, votre entreprise, comme toutes les autres entreprises en France, produit des émissions de gaz à effet de serre. Votre bilan carbone, vous y pensez parfois ? Je veux dire, en dehors de la case à cocher pour votre politique RSE ? Parce que c’est devenu incontournable.
Pourtant, même lorsqu’on est bien conscient des enjeux, il n’est pas simple de savoir quelles bonnes pratiques instaurer au quotidien. Alors, parce que ce sujet me touche particulièrement, je vous propose de faire un tour d’horizon des quelques astuces qui peuvent vous permettre de réduire concrètement l’empreinte carbone de votre entreprise, sans faire exploser votre budget ni ralentir votre croissance.
Commencez par comprendre votre bilan carbone
Avant de vouloir agir, vous devez savoir où agir. Et c’est là que le calcul du bilan carbone de votre entreprise entre en jeu. Eh oui, ce n’est pas seulement un rapport poussiéreux à archiver dans vos tiroirs ! En le prenant très au sérieux, vous y découvrirez quelles activités émettent le plus de GES, quels scopes sont concernés (scope 1 : les émissions directes ; scope 2 : la consommation d’énergie ; scope 3 : le transport, les fournisseurs, les déchets, etc.) et quelles sont les ressources les plus énergivores.
Je parlais récemment avec un ami entrepreneur qui avait entrepris cette démarche et qui était sidéré de constater que ce n’était pas sa production qui pesait le plus lourd, mais bien ses déplacements et son usage numérique. Parce que oui, vos mails, vos visios et vos serveurs ont un impact majeur sur le bilan carbone de votre entreprise. Même si on a tendance à la sous-estimer au quotidien, la pollution numérique est une réalité beaucoup trop sous-estimée.
Autrement dit, réaliser ce diagnostic est la première bonne action à mettre en œuvre pour une réduction efficace. Si vous êtes de bonne volonté, croyez-moi, cette prise de conscience changera beaucoup de choses.
Réduisez votre consommation énergétique au plus vite
Dès que vous avez établi votre bilan, penchez-vous sur votre consommation énergétique. En effet, il s’agit le plus souvent du poste le plus visible, mais aussi du plus simple à optimiser. Et ce n’est pas toujours une question d’investissement ! Parfois, c’est seulement une question de réflexe.
Éteindre les ordinateurs, couper les veilles, repenser votre utilisation de votre climatisation ou du chauffage, choisir une électricité verte, etc., autant d’ajustements qui ont un effet réel sur vos émissions. Et plus vous embarquez vos collaborateurs, plus l’impact est important. Par exemple, changez de fournisseur d’énergie pour un acteur engagé dans la transition écologique. Non, ce n’est pas un caprice militant, mais bien le geste d’une entreprise responsable. Et puis, vous ferez peut-être baisser vos factures en plus de votre empreinte carbone. Pourquoi vous en priver ?
On oublie aussi que le lieu lui-même dans lequel on travaille influence notre consommation.
L’orientation du bâtiment, la couleur des matériaux ou l’accès à la lumière naturelle influencent aussi la consommation énergétique au quotidien.
Autre piste souvent oubliée : vos serveurs et votre stockage numérique. Supprimez les fichiers inutiles, évitez les doublons, essayez d’archiver en mode hors ligne, etc. Toutes ces petites actions contribuent également à réduire la consommation énergétique de votre entreprise en matière numérique. Et ce n’est pas du luxe quand on sait que les data centers consomment plus d’électricité que certains pays entiers.
Repensez vos déplacements et les flux de transport
Cela va de soi, le transport est généralement le vilain petit canard du bilan carbone. Pourtant, il représente une part considérable des émissions de la majorité des entreprises. Heureusement, comme pour la consommation énergétique, il existe des solutions immédiates.
D’une part, à chaque fois que vous remplacez un rendez-vous physique par une visio, vous réduisez votre empreinte carbone, même s’il s’agit d’un outil numérique. De même, à chaque fois que vous privilégiez le train, plutôt que l’avion ou la voiture, vous avez là aussi un impact positif.
Une chose est sûre, la gestion de vos déplacements doit être un levier stratégique de vos bonnes pratiques, surtout si votre activité implique des tournées, des salons, des livraisons, etc.
Avec une vraie politique de mobilité, vous pourrez changer les choses durablement au sein de votre entreprise. Proposez des alternatives à la voiture individuelle, soutenez l’usage du vélo, encouragez le télétravail quand votre activité vous le permet. Même un seul jour par semaine peut avoir un effet réel sur vos émissions de GES.
Et n’oubliez pas vos fournisseurs ! Travailler avec des partenaires plus proches ou plus responsables limite les flux de transport et réduit votre bilan environnemental. Vous pourriez gagner en réactivité, en cohérence RSE et même en coûts.
Apprenez à gérer vos ressources et vos déchets
Tout le monde sous-estime l’impact de nos produits, de leur cycle de vie et des déchets. Pourtant, chaque objet que nous utilisons, que nous vendons ou que nous jetons a un coût environnemental. Pour réduire le bilan carbone de votre entreprise, il est donc primordial que vous repensiez toute votre chaîne, depuis l’approvisionnement à la mise au rebut.
De manière générale, privilégiez des produits durables, réparables ou recyclés. C’est un choix stratégique qui s’inscrit non seulement dans votre transition écologique globale, mais aussi dans une logique économique. Parce que qui dit moins d’achats dit plus de longévité et moins de déchets à traiter. C’est mathématique.
Également, pensez à l’écoconception. Dès que vous développez un produit ou un service, demandez-vous comment en réduire l’empreinte carbone. Il peut s’agir de prévoir moins de matériaux, moins de transport, moins de packaging, ou encore moins d’énergie pour son utilisation. C’est également sur ce point que se joue une grande partie de votre impact écologique.
Et surtout, mettez en place une vraie gestion de vos déchets. Tri sélectif, compost, revalorisation, dons à des associations, etc., soyez sûr que vos collaborateurs seront ravis de participer à une démarche environnementale si celle-ci est claire, simple et accessible.
Créez une culture responsable dans votre entreprise
Je l’ai plus ou moins sous-entendu précédemment, mais aucune stratégie environnementale ne peut fonctionner sans des humains qui la portent et qui y croient. C’est pourquoi votre dernière action, mais sans doute la plus décisive, consiste à construire une culture responsable au sein de votre entreprise. Vous devez véritablement vous distinguer du greenwashing opportuniste que l’on retrouve chez certaines sociétés. L’objectif est d’engager un réel changement de mentalité.
Organisez des ateliers, parlez d’impact environnemental, formez vos collaborateurs aux enjeux du climat et aux bonnes pratiques, bref, donnez du sens à vos choix et ne vous contentez pas de leur donner des consignes. Plus vous ferez confiance à l’intelligence collective, plus vos objectifs de réduction d’émissions deviendront atteignables. Parce que sans la bonne volonté de votre entourage professionnel, vous brasserez du vent.
Comme je le disais en introduction, je crois profondément que l’entrepreneuriat peut être une force motrice pour la transition écologique. Nous avons tous la liberté de décider comment nous voulons construire notre entreprise, nos projets et notre vie professionnelle.
Vous l’aurez compris, vouloir réduire le bilan carbone de votre entreprise n’est ni une utopie ni une contrainte. Prendre cette décision ne vous obligera pas forcément à entreprendre des investissements conséquents. Au contraire. Il s’agit bien souvent de petites actions concrètes et progressives. Après tout, chaque action compte.
