Zoom sur les taxes de la SAS ou SASU

Table des matières

Trop souvent oubliées, certaines taxes ou contributions font néanmoins partie de la fiscalité de la SAS ou SASU. Et oui, il n’y a pas que la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée), à laquelle nous avons d’ailleurs dédié une page complète.

Peut-ĂŞtre avez-vous dĂ©jĂ  entendu parler de la CFE (Contribution Foncière des Entreprises), ou encore de la CVAE (Cotisation sur la Valeur AjoutĂ©e des Entreprises), de la contribution Ă  la formation professionnelle continue ou encore la taxe d’apprentissage. Si ce n’est pas le cas, pas de panique, nous allons dĂ©tailler tout cela dans ce qui suit. 

Mais vous verrez qu’il existe encore d’autres taxes. Néanmoins, toutes les SAS/SASU n’y sont pas redevables en fonction de leur situation. C’est parti, on vous explique tout cela !

La cotisation foncière des entreprises (CFE) en SAS/SASU

La cotisation foncière des entreprises (CFE) concerne toutes les entreprises, qu’importe leur taille. Il s’agit d’une taxe locale basée sur la valeur locative foncière des biens affectés à l’entreprise. Autrement dit, elle est calculée sur la superficie et les biens affectés à votre entreprise.

Elle est due par les SAS/SASU qui exercent leur activitĂ© dans un local commercial ou professionnel, mais Ă©galement par les SAS/SASU qui ne disposent pas de locaux. Aussi, si vous exercez votre activitĂ© Ă  votre domicile ou dans les locaux d’un client, vous ĂŞtes redevable de la CFE dès lors que votre chiffre d’affaires annuel est supĂ©rieur Ă  5 000 â‚¬.

Cependant, dans ce dernier cas, le montant de la CFE est calculé suivant une base d’imposition minimum qui varie suivant votre chiffre d’affaires.

Toutefois, une entreprise nouvellement crĂ©Ă©e est exonĂ©rĂ©e de CFE l’annĂ©e de sa crĂ©ation (uniquement jusqu’au 31 dĂ©cembre de l’annĂ©e en cours). De plus, elle bĂ©nĂ©ficie d’une rĂ©duction la 1re annĂ©e d’imposition. Enfin, selon l’activitĂ© de l’entreprise et l’endroit oĂą elle se situe (zone de revitalisation rurale, par exemple), il est possible qu’elle soit exonĂ©rĂ©e temporairement ou de manière permanente de la CFE.

La SAS/SASU doit alors effectuer une dĂ©claration initiale au plus tard le 31 dĂ©cembre de l’annĂ©e de crĂ©ation auprès du service des impĂ´ts des entreprises (SIE) du lieu de son siège social. 

Lorsque le montant de la CFE est infĂ©rieur Ă  3 000 â‚¬, elle doit ĂŞtre versĂ©e avant le 15 dĂ©cembre. Si son montant est supĂ©rieur ou Ă©gal Ă  3 000 â‚¬, alors elle doit ĂŞtre versĂ©e en 2 acomptes correspondant chacun Ă  50 % du montant (un le 15 juin et le second le 15 dĂ©cembre).

La Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) en SAS/SASU

À l’instar de la CFE, la CVAE est un composant de la contribution économique territoriale (CET) qui a remplacé la taxe professionnelle. Le CET finance les collectivités territoriales et administrations locales (régions, départements, communes, intercommunalités, etc.). La CVAE est basée sur la valeur ajoutée créée par les entreprises pendant un exercice alors que la CFE taxe le patrimoine foncier des entreprises.

Bonne nouvelle, la CVAE est sur le point d’être supprimée. Sa suppression était programmée pour 2024, mais elle a été reportée à 2027.

La CVAE est redevable pour une SAS/SASU qui remplit deux conditions, Ă  savoir : 

  • elle rĂ©alise plus de 500 000 â‚¬ HT de chiffre d’affaires ;
  • elle exerce une activitĂ© professionnelle non-salariĂ©e, lucrative et habituelle.

Si l’entreprise rĂ©alise un chiffre d’affaires supĂ©rieur Ă  152 500 â‚¬, elle doit effectuer une dĂ©claration de valeur ajoutĂ©e mĂŞme si elle n’est pas soumise au paiement de la CVAE.

Une entreprise nouvellement créée n’est pas redevable de la CVAE l’année de sa création, sauf s’il s’agit d’une transmission d’activité.

Le taux d’imposition est compris entre 0 % et 1,5 %. Il augmente en fonction du montant du chiffre d’affaires rĂ©alisĂ©. Le paiement de la CVAE se fait au moyen de 2 acomptes de 50 % chacun de la cotisation lorsque le montant de la CVAE est supĂ©rieur Ă  1 500 â‚¬ (un acompte le 15 juin et le second le 15 septembre).

Les taxes liées aux salaires en SAS/SASU

La taxe d’apprentissage et la contribution à la formation professionnelle continue font partie des principales taxes auxquelles sont soumises les SAS et les SASU. Elles sont à verser dès lors que le dirigeant (président, directeurs généraux, etc.) perçoit un salaire. Aussi, nombre de SAS ou SASU sont concernées. On fait le point.

La taxe d’apprentissage en SAS ou SASU

La taxe d’apprentissage a pour objectif de faire participer les employeurs au financement des formations professionnelles et technologiques. Toutes les personnes morales imposables à l’impôt sur les sociétés sont concernées. La SAS et la SASU ne font pas exception.

Cependant, son calcul est réalisé à partir de la masse salariale. Cela signifie que seules les entreprises qui versent des rémunérations soumises aux cotisations de sécurité sociale sont concernées. Autrement dit, la SAS/SASU est soumise à la taxe d’apprentissage dès lors qu’elle verse un salaire à son ou ses dirigeants (assimilé salarié bénéficiant du régime général de la sécurité sociale).

Par exemple, vous ĂŞtes associĂ© unique de votre SASU et vous ne vous rĂ©munĂ©rez que par l’intermĂ©diaire de dividendes ? Alors, vous n’êtes pas assujettie Ă  la taxe d’apprentissage. 

Donc, comme nous le disions, son calcul est basé sur la masse salariale. Ainsi, la base d’imposition de la taxe d’apprentissage est égale au total des salaires bruts assujettis aux cotisations de Sécurité sociale de la dernière année écoulée (N-1).

Bon à savoir : Le salaire des apprentis est totalement exonéré pour les SAS/SASU de moins de 11 salariés ou partiellement à partir de 11 salariés (à hauteur de 11 % du SMIC).

Le montant de la taxe d’apprentissage est obtenu en multipliant la base d’imposition par le taux de 0,68 % (0,44 % pour les SAS/SASU situĂ©es en Alsace-Moselle).

Le calcul, la dĂ©claration et le paiement de la taxe d’apprentissage sont rĂ©alisĂ©s une fois par an en dĂ©but d’annĂ©e (avant le 1er mars de l’annĂ©e suivante).

Certaines entreprises peuvent ĂŞtre soumises Ă  la contribution supplĂ©mentaire Ă  l’apprentissage. Cela concerne les entreprises de 250 salariĂ©s ou plus dès lors que les salariĂ©s en contrat d’apprentissage, en contrat de professionnalisation ou que les jeunes accomplissant un volontariat international en entreprise (VIE) ou bĂ©nĂ©ficiant d’une convention industrielle de formation par la recherche reprĂ©sentent moins de 5 % de l’effectif moyen.

La contribution Ă  la formation professionnelle (CFP) en SAS/SASU

La contribution Ă  la formation professionnelle (CFP) finance les dispositifs d’accès Ă  la formation continue des salariĂ©s et des demandeurs d’emploi. Elle est collectĂ©e par l’Urssaf et son taux varie en fonction de l’effectif de l’entreprise et de son secteur d’activitĂ©. 

La SAS ou la SASU n’est pas la seule entreprise concernĂ©e. En effet, toutes les sociĂ©tĂ©s le sont, peu importe leur forme juridique, leur rĂ©gime d’imposition, leur secteur d’activitĂ© et leur effectif.

Cependant, certains Ă©lĂ©ments peuvent venir impacter le montant de la contribution, comme : 

  • un accord professionnel national peut prĂ©voir des versements supplĂ©mentaires (contribution conventionnelle Ă  la formation) ; 
  • un taux spĂ©cifique est appliquĂ© pour certains secteurs d’activitĂ© (travail temporaire, BTP ou spectacle) ;
  • la prĂ©sence de salariĂ©s en CDD impose un versement supplĂ©mentaire Ă©gal Ă  1 % de la masse salariale brute des salariĂ©s en CDD.

Le calcul de la contribution Ă  la formation professionnelle continue dans les cas gĂ©nĂ©raux est Ă©gal au total des salaires bruts de la dernière annĂ©e Ă©coulĂ©e (N-1). Le taux applicable (hors secteurs d’activitĂ© spĂ©cifiques) est alors de 0,55 % pour les entreprises de moins de 11 salariĂ©s et de 1 % pour les entreprises Ă  partir de 11 salariĂ©s.

La participation Ă  la formation professionnelle doit ĂŞtre dĂ©clarĂ©e et payĂ©e avant le 1er mars de l’annĂ©e suivante (N+1).

Les autres taxes selon la situation de la SAS/SASU

Les taxes prĂ©cĂ©demment mentionnĂ©es sont les plus frĂ©quentes. Mais il en existe d’autres en fonction de la situation de la l’entreprise et notamment son nombre de salariĂ©s. 

La taxe sur les salaires en SAS/SASU

La taxe sur les salaires est due par les SAS et SASU non soumises à la TVA et qui emploient des salariés. La taxe sur les salaires concerne les SAS/SASU établies en France métropolitaine ou dans un département d’outre-mer. Elle est calculée sur les rémunérations versées au cours de l’année selon un barème progressif.

Ce barème s’applique aux rémunérations individuelles annuelles brutes versées (base imposable).

Type de taux

Taux global

Taux sur la fraction

Salaire brut annuel versé en 2023 (taxe payable en 2024)

Salaire brut mensuel versé en 2023 (taxe payable en 2024)

Salaire brut annuel versé en 2024 (taxe payable en 2025)

Salaire brut mensuel versé en 2024 (taxe payable en 2025)

Taux normal

4,25 %

4,25 %

Jusqu’à 8573 â‚¬

Jusqu’à 714 â‚¬

Jusqu’à 8985 â‚¬

Jusqu’à 748 â‚¬

1er taux majorĂ©

8,50 %

4,25 % 

(8,50 – 4,25)

Au-delĂ  de 8573 â‚¬ jusqu’à 17 114 â‚¬

Au-delĂ  de 714 â‚¬ jusqu’à 1426 â‚¬

Au-delĂ  de 8 985 â‚¬ jusqu’à 17 936 â‚¬

Au-delĂ  de 748 â‚¬ jusqu’à 1494 â‚¬

2e taux majorĂ©

13,60 %

9,35 % 

(13,60 – 4,25)

SupĂ©rieur Ă  17 114 â‚¬

SupĂ©rieur Ă  1426 â‚¬

SupĂ©rieur Ă  17 936 â‚¬

SupĂ©rieur Ă  1494 â‚¬

 

Ainsi, pour un salariĂ© Ă  qui l’on a versĂ© un salaire brut mensuel de 3 000 â‚¬ en 2023, la taxe sur les salaires due comprend :

  • l’application du taux normal de 4,25 % sur l’ensemble de la rĂ©munĂ©ration ;
  • l’application du 1er taux majorĂ© de 4,25 % ;
  • l’application du 2e taux majorĂ© de 9,35 %.

La participation à l’effort de construction en SAS/SASU

La participation Ă  l’effort de construction concerne les SAS/SASU qui embauchent au moins 20 salariĂ©s en moyenne sur l’annĂ©e. Elle est calculĂ©e une fois par an Ă  partir de masse salariale annuelle sur l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, N-1 (annĂ©e civile).

Les entreprises peuvent s’en acquitter de deux façons possibles (cumulables ou non).

  1. RĂ©aliser des investissements en faveur de ses salariĂ©s sous forme de prĂŞts pour qu’ils puissent financer la construction de leur habitation principale. Le taux de participation Ă  l’effort de construction applicable est alors Ă©gal Ă  0,45 % de la masse salariale considĂ©rĂ©e (rĂ©munĂ©rations brutes). 
  2. Verser l’intĂ©gralitĂ© ou le solde restant du montant calculĂ© Ă  un organisme collecteur, sous forme de prĂŞts sans intĂ©rĂŞts ou de subventions. Le taux de participation applicable est alors de 2 %.

La taxe foncière en SAS/SASU

La taxe foncière concerne les SAS/SASU propriĂ©taires de bâtiments ou de terrains. Elle est due en plus de la CFE. La taxe foncière finance Ă©galement les collectivitĂ©s territoriales et plus spĂ©cifiquement les biens et les services mis Ă  disposition (routes, Ă©tablissements scolaires, etc.). Elle concerne toutes les entreprises qui ont acquis un bien immobilier (propriĂ©tĂ©s bâties ou non bâties) au 1er janvier de l’annĂ©e d’imposition. Les taux d’imposition sont votĂ©s chaque annĂ©e par les communes ou les dĂ©partements.

Toutefois, certains types de biens sont exonĂ©rĂ©s (entreprises situĂ©es dans une zone prioritaire, par exemple). De plus, une exonĂ©ration totale ou partielle est possible en cas de vacance ou d’inexploitation du bien immobilier. 

 

Les taxes redevables par les entreprises sont souvent oubliées à la création de la société. Pourtant, comme nous venons de le voir, elles peuvent représenter un certain montant. Aussi, il nous semblait important d’aborder ce point dans notre guide. Même s’il existe certaines exonérations l’année de la création, leur paiement non anticipé peut rapidement mettre à mal financièrement l’entreprise. Nous vous recommandons donc de bien vous renseigner en fonction de la situation (nombre de salariés, localisation géographique, etc.) de votre SAS/SASU afin d’être bien préparé.

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