Comment fonctionne l’imposition des dividendes en SAS ou SASU ?

Table des matières

La fiscalité de la SAS ou SASU englobe différentes notions qu’il faut connaître, comme la fiscalité des dividendes. Les actionnaires, dirigeants ou non de l’entreprise, se rémunèrent en se versant des dividendes en contrepartie de leur apport en capital social. Ce dernier est donc réparti entre les actionnaires de la SAS sous forme d’actions sociales. Le nombre d’actions sociales détenues dépend alors du montant versé par chaque actionnaire à la création de la société (sauf pour l’actionnaire unique de SASU, qui les détient toutes).

Dans certains cas, les actionnaires peuvent décider de créer des actions de préférence. Ces dernières confèrent des droits différents aux actionnaires qui les détiennent (des dividendes plus importants malgré un apport plus faible, par exemple). Mais cela n’a aucune incidence sur la fiscalité des dividendes, seulement sur leur montant. Vous allez le comprendre en lisant ce qui suit !

Un point sur le versement de dividendes

Ainsi, le montant des dividendes et leur attribution dĂ©pendent donc du pourcentage et du type d’actions dĂ©tenus par un actionnaire. Par exemple, et en l’absence d’actions de prĂ©fĂ©rences, si un actionnaire a versĂ© 300 â‚¬ d’apport en capital social et que ce dernier est de 1 000 â‚¬, alors l’actionnaire dĂ©tient 30 % d’actions. Cela signifie qu’il percevra 30 % des dividendes.

De plus, il faut savoir que cette source de rĂ©munĂ©ration n’est pas une valeur sĂ»re. En effet, les dividendes dĂ©pendent des rĂ©sultats de la sociĂ©tĂ©, c’est-Ă -dire : le chiffre d’affaires – les charges de la sociĂ©tĂ© (salaires des dirigeants compris) – l’impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s et les autres taxes. On parle Ă©galement des bĂ©nĂ©fices de la sociĂ©tĂ©.

Aussi, si le résultat d’exercice de l’année passée est déficitaire (négatif), la société a donc réalisé des pertes. Alors, les actionnaires ne peuvent pas se verser de dividendes. Si les bénéfices sont moindres, alors les dividendes perçus par chaque actionnaire le seront également.

Admettons que le chiffre d’affaires du dernier exercice est de 100 000 â‚¬. Si les charges de l’entreprise s’élèvent Ă  50 000 â‚¬, alors le bĂ©nĂ©fice est de 50 000 â‚¬. La sociĂ©tĂ© doit payer l’impĂ´t sur les bĂ©nĂ©fices et les diffĂ©rentes taxes (CFE, CVAE, taxe d’apprentissage et de formation, etc.). Pour l’exemple, disons que l’impĂ´t et les taxes reprĂ©sentent 12 000 â‚¬. Le bĂ©nĂ©fice net disponible est donc de 38 000 â‚¬. 

Dans une telle situation, un actionnaire dĂ©tenant 30 % d’actions sociales percevra alors 11 400 â‚¬ de dividendes. Enfin, pas tout Ă  fait. Disons que la SAS va lui verser 11 400 â‚¬. En rĂ©alitĂ©, l’actionnaire percevra moins du fait de la fiscalitĂ© s’appliquant aux dividendes.

La fiscalité des dividendes en SAS/SASU

La fiscalitĂ© des dividendes en SAS et en SASU se compose de deux Ă©lĂ©ments : les prĂ©lèvements sociaux et l’impĂ´t sur le revenu. En effet, comme toute somme d’argent perçue, les actionnaires doivent dĂ©clarer les dividendes lors de leur dĂ©claration d’impĂ´t personnel sur le revenu.

Comme nous le verrons, les actionnaires peuvent choisir entre deux modes d’imposition : le prĂ©lèvement forfaitaire unique (PFU) ou « flat tax » et le barème progressif. 

Les prélèvements sociaux des dividendes en SAS/SASU

Les dividendes ne sont pas considĂ©rĂ©s comme des revenus aux yeux de l’administration fiscale. Ce sont des « revenus de capitaux mobiliers ». C’est pourquoi ils sont soumis Ă  une fiscalitĂ© diffĂ©rente des revenus (salaire). Aussi, ils ne sont pas soumis aux cotisations sociales (charges patronales et salariales). 

Cependant, ils peuvent ĂŞtre soumis Ă  cotisations sociales quand la part distribuĂ©e aux actionnaires de la SAS/SASU excède 10 % du capital social, des primes d’émission et des sommes versĂ©es en compte courant d’associĂ©.

En revanche, les dividendes sont soumis aux prĂ©lèvements sociaux. Ces derniers reprĂ©sentent 17,2 % des dividendes versĂ©s. Si nous reprenons l’exemple prĂ©cĂ©dent, l’actionnaire percevrait alors 9 439,20 â‚¬ (11 400 â‚¬ – 17,2 %). 

L’imposition des dividendes en SAS/SASU pour une personne physique

Comme nous l’évoquions, les actionnaires peuvent choisir d’être imposés sur leurs dividendes au prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou au barème progressif. Le choix pour l’un ou l’autre nécessite de faire quelques calculs pour choisir le mode d’imposition le plus favorable !

Le prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou « flat tax »

Le prélèvement forfaitaire unique est le mode d’imposition par défaut. Autrement dit, si l’actionnaire n’opte pas pour le barème progressif, alors c’est le PFU qui s’appliquera d’office.

Le taux d’imposition au prĂ©lèvement forfaitaire unique (PFU) est de 30 %. Il se compose de :

  • 12,8 % au titre de l’impĂ´t sur le revenu,
  • 17,2 % au titre des prĂ©lèvements sociaux.

Le PFU est prĂ©levĂ© par l’administration fiscale Ă  l’issue de la dĂ©claration des revenus sur l’annĂ©e N-1 (annĂ©e passĂ©e). Il est basĂ© sur le montant brut des revenus, sans aucune dĂ©duction au titre des frais et charges. L’actionnaire doit dĂ©clarer le montant des dividendes perçus dans la case 2 DC de la dĂ©claration d’impĂ´t sur le revenu (revenus de capitaux mobiliers).

Reprenons notre exemple. Ainsi, un actionnaire qui perçoit 11 400 â‚¬ de dividendes paiera 3 420 â‚¬ d’impĂ´t sur le revenu dans le cadre d’une imposition au prĂ©lèvement forfaitaire unique (11 400 â‚¬ – 30 %).

Bon Ă  savoir : L’actionnaire peut bĂ©nĂ©ficier d’une dispense de PFU et ainsi ne pas verser les 12,8 % d’impĂ´t si son revenu fiscal N-2 est infĂ©rieur Ă  50 000 â‚¬ pour une personne seule et 75 000 â‚¬ pour un couple mariĂ© ou pacsĂ©. Cette dispense doit ĂŞtre demandĂ©e au plus tard le 30 novembre de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dant le paiement.

L’imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu

L’actionnaire peut choisir une imposition de ses dividendes au barème progressif de l’impĂ´t sur le revenu. Pour cela, il doit cocher la case 2OP sur son avis d’imposition. 

Dans le cadre de l’option au barème progressif de l’impĂ´t sur le revenu, un abattement automatique de 40 % est appliquĂ© sur la somme perçue au titre des dividendes. Cela signifie que l’actionnaire n’est imposĂ© que sur 60 % de ses dividendes. Dans notre exemple, cela signifie que l’actionnaire sera imposĂ© sur 6 840 â‚¬. 

Attention, l’abattement de 40 % ne s’applique que si :

  • les dividendes ont Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©s en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ;
  • la sociĂ©tĂ© est française, ou a son siège social au sein de l’UE ou dans un État ayant un accord pour Ă©viter la double imposition.

Ă€ cela s’ajoute la dĂ©duction de la CSG Ă  hauteur de 6,8 % sur la somme avant l’abattement de 40 %, soit 6,8 % de 11 400 â‚¬ (dĂ©duction de 775,2 %). En effet, la CSG est dĂ©ductible pour les revenus d’activitĂ© salariĂ©e ou non-salariĂ©e.

Dans notre exemple, le montant des dividendes rĂ©ellement imposable au barème progressif sera donc de 3 784,8 â‚¬ : 

  • 11 400 â‚¬ moins l’abattement de 40 % : 6 840 â‚¬â€‰;
  • 11 400 â‚¬ moins la dĂ©duction de la CSG de 6,8 %, soit 775,2 â‚¬

Les dividendes (sans l’abattement et la dĂ©duction de la CSG, car ils seront dĂ©duits par l’administration fiscale) doivent Ă©galement ĂŞtre dĂ©clarĂ©s dans la catĂ©gorie des revenus de capitaux mobiliers (case 2DC). Ils s’ajoutent aux autres revenus du foyer fiscal. L’ensemble est soumis au barème progressif par tranches de l’impĂ´t sur le revenu :

Taux d’impôt sur le revenu applicable

Tranche d’imposition

0 %

Jusqu’à 10 777 €

11 %

entre 10 778 € et 27 478 €

30 %

entre 27 479 € et 78 570 €

41 %

entre 78 571 € et 168 994 €

45 %

Au-delà de 168 995 €

 

C’est ici qu’il faut ĂŞtre vigilant pour choisir le mode d’imposition le plus profitable. Dans la mesure oĂą le taux des prĂ©lèvements sociaux est le mĂŞme, qu’importe l’option retenue, il faut comparer le taux d’imposition et procĂ©der Ă  quelques calculs dès lors que les revenus du foyer dĂ©passent la tranche des 11 %. 

Pour dire les choses diffĂ©remment, le barème progressif est plus profitable tant que le foyer fiscal de l’actionnaire ne dĂ©passe pas 27 478 â‚¬. En effet, les revenus (dividendes après abattement compris) seront imposĂ©s Ă  0 % sur les premiers 10 777 â‚¬ et Ă  11 % au-dessus. Au-delĂ , il convient de faire des simulations.

Il ne faut pas oublier de rajouter le montant des prĂ©lèvements sociaux de 17,2 %. Rappelons que ces derniers sont calculĂ©s sur la somme perçue, c’est-Ă -dire sans l’abattement de 40 %, soit 1 960,80 â‚¬ de prĂ©lèvements sociaux dans notre exemple. 

L’imposition des dividendes en SAS/SASU pour une personne morale

Lorsque l’un des actionnaires de la SAS/SASU est une personne morale (une sociĂ©tĂ©), alors l’imposition des dividendes dĂ©pend du rĂ©gime fiscal de la sociĂ©tĂ© actionnaire :

  • les dividendes sont imposĂ©s selon les règles de l’impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s (IS) pour une entreprise relevant de l’IS ;
  • les dividendes sont imposĂ©s directement au niveau des associĂ©s ou actionnaires de la sociĂ©tĂ© pour une entreprise soumise Ă  l’impĂ´t sur le revenu.

Il existe cependant des cas d’exonĂ©ration, lorsque les dividendes sont perçus par une sociĂ©tĂ© mère via sa participation dans la filiale. Dans ce cas, la sociĂ©tĂ© mère associĂ©e dans la SAS peut bĂ©nĂ©ficier d’une exonĂ©ration de 95 % du montant des dividendes, après une imputation d’une quote-part de 5 %.

Pour cela, la sociĂ©tĂ© mère associĂ©e doit dĂ©tenir au moins 5 % du capital social depuis au moins 2 ans. 

 

La fiscalité des dividendes de la SAS/SASU paraît compliquée de prime abord. Mais ce n’est pas le cas lorsque l’on prend le temps de comprendre. Et il est essentiel de bien comprendre en qualité d’associé afin de choisir le mode d’imposition qui vous est le plus favorable. Notez qu’en fin de déclaration de vos revenus sur le site des services publics, il vous sera automatiquement précisé l’option qui vous est la plus favorable au regard des montants déclarés.

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