Tout savoir sur le fonctionnement de la SAS ou SASU

Table des matières

Le statut juridique de la SAS ou SASU est celui qui offre le plus de libertĂ© aux actionnaires en matière d’organisation du fonctionnement interne. En effet, contrairement aux autres formes d’entreprises, les statuts juridiques de la sociĂ©tĂ© peuvent ĂŞtre entièrement personnalisĂ©s. 

Pour autant, le fonctionnement gĂ©nĂ©ral de la SAS/SASU est fixĂ© par la loi. On entend ici les Ă©lĂ©ments relatifs Ă  la rĂ©munĂ©ration et au rĂ©gime social du dirigeant, la fiscalitĂ©, les obligations lĂ©gales, etc. C’est pourquoi il nous semble indispensable de faire un point sur le sujet. Alors, c’est parti ! 

Zoom sur la rémunération et le régime social des dirigeants d’une SAS ou SASU

Tout d’abord, prĂ©cisons que le fonctionnement de la SAS et de la SASU est le mĂŞme. En effet, il s’agit d’un mĂŞme statut juridique, exceptĂ© que la SASU ne comporte qu’un seul actionnaire (l’associĂ© unique) alors que la SAS doit en comporter au moins deux. Donc, tout ce qui sera dit ici est valable pour les deux. 

Rappelons que les dirigeants d’une SAS ou SASU peuvent ĂŞtre pluriels :

  • un prĂ©sident ;
  • un ou plusieurs directeurs gĂ©nĂ©raux ; 
  • un ou plusieurs directeurs gĂ©nĂ©raux dĂ©lĂ©guĂ©s ; 
  • un conseil d’administration ; 
  • un conseil de surveillance.

À noter que la loi impose seulement la nomination d’un président. Les autres organes de direction ainsi que leurs pouvoirs et missions sont laissés au choix des actionnaires. La rémunération du dirigeant d’une SAS ou SASU varie donc en fonction du type de dirigeants.

La rémunération du président et des directeurs généraux de SAS et SASU

Sans trop rentrer dans les détails, car nous avons consacré une page dédiée à ce sujet, voici ce qu’il faut savoir sur la rémunération du président et des directeurs généraux (et délégués).

Tout d’abord, ils peuvent ĂŞtre rĂ©munĂ©rĂ©s de diffĂ©rentes manières :

  • une rĂ©munĂ©ration sous forme de salaire avec Ă©dition d’un bulletin de paie et des montants et des modalitĂ©s fixes ou variables ;
  • le versement de dividendes, qui sont une part des bĂ©nĂ©fices de l’entreprise pouvant ĂŞtre versĂ©s chaque annĂ©e.

Il faut bien comprendre que ce sont les actionnaires qui décident des modalités. La rémunération du président et des directeurs généraux et délégués est donc définie par les statuts juridiques de la société et par décision collective des actionnaires. Ainsi, il est possible que leur rémunération soit inférieure au SMIC, en particulier s’ils cumulent leur mandat social avec un autre emploi. Il est par ailleurs tout à fait possible de combiner salaire et dividendes pour optimiser les aspects fiscaux et sociaux.

En effet, les dividendes sont soumis à un régime fiscal distinct. Ils ne sont pas soumis aux cotisations sociales, contrairement au salaire. De fait, le président ou les directeurs généraux (et délégués) ne cotisent pas à la Sécurité sociale s’ils sont exclusivement rémunérés en dividendes. Autrement dit, ils ne bénéficient d’aucune protection sociale.

La rémunération des membres du conseil d’administration ou de surveillance de la SAS/SASU

Les membres du conseil d’administration ou du conseil de surveillance en SAS sont généralement rémunérés par le biais de jetons de présence. Il s’agit de la rémunération principale. Le montant de ces jetons est fixé par l’assemblée générale des actionnaires. Il est ensuite réparti entre les administrateurs.

Les statuts juridiques de la SAS ou SASU doivent donc Ă©galement prĂ©voir la rĂ©munĂ©ration du conseil de surveillance ou du conseil d’administration. 

Bon Ă  savoir : les rĂ©munĂ©rations perçues sont soumises Ă  un rĂ©gime fiscal spĂ©cifique.

Zoom sur le régime social des dirigeants de la SAS et SASU

Le rĂ©gime social des dirigeants en SAS ou SASU se veut particulièrement intĂ©ressant. En effet, le prĂ©sident et les directeurs gĂ©nĂ©raux (et dĂ©lĂ©guĂ©s) sont considĂ©rĂ©s comme assimilĂ©s-salariĂ©s. Cela signifie qu’ils bĂ©nĂ©ficient du rĂ©gime social de la SĂ©curitĂ© sociale au mĂŞme titre que les salariĂ©s, y compris l’assurance maladie, la retraite et les allocations familiales, mais Ă  l’exception de l’assurance chĂ´mage.

Du moins, comme nous le disions précédemment, à la condition qu’ils perçoivent une rémunération sous forme de salaire et non exclusivement par des dividendes. En effet, seul le salaire est soumis aux cotisations sociales (patronales et salariales) incluant alors les contributions pour la santé, la retraite et d’autres prestations sociales.

Néanmoins, contrairement aux salariés classiques, le président et les directeurs généraux d’une SAS/SASU ne cotisent pas à l’assurance chômage. Ils ne sont pas éligibles aux allocations chômage en cas de perte de leur mandat social.

En ce qui concerne le régime social des administrateurs (conseil d’administration), tout dépend de la présence ou non d’un contrat de travail. Ainsi, les administrateurs percevant une rémunération sans contrat de travail ne sont pas affiliés au régime général de Sécurité sociale. Leur rémunération est par ailleurs soumise au prélèvement forfaitaire unique (PFU). De plus, elle doit être déclarée dans la catégorie « revenus de capitaux mobiliers » lors de la déclaration de l’impôt sur le revenu.

En revanche, lorsque les missions du président du conseil d’administration sont encadrées dans un contrat de travail, alors il est assimilé-salarié et bénéficie du régime général de la Sécurité sociale. Dans une telle situation, sa rémunération est soumise à l’impôt sur le revenu et doit être déclarée dans la catégorie « traitements et salaires ».

Enfin, les membres du conseil de surveillance d’une SAS/SASU, qui ont pour seule mission de contrĂ´ler les organes de direction de la sociĂ©tĂ© sans en assumer la gestion, ne relèvent donc pas, en principe, du rĂ©gime gĂ©nĂ©ral, Ă  moins qu’ils exercent en rĂ©alitĂ© une fonction de direction. 

Zoom sur la fiscalité de la SAS et SASU

Abordons Ă  prĂ©sent une question qui vous brĂ»le les lèvres : la fiscalitĂ© de la SAS ou SASU

En effet, il est essentiel de s’intĂ©resser Ă  la fiscalitĂ© d’un statut juridique dans la mesure oĂą celui-ci peut avoir un fort impact sur le dĂ©veloppement d’une entreprise. 

  1. Au moment de la crĂ©ation d’une SAS ou d’une SASU, ses bĂ©nĂ©fices sont automatiquement soumis au rĂ©gime de l’impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s (IS). Cela veut dire que les bĂ©nĂ©fices seront taxĂ©s suivant les règles de l’IS (15 % pour les 42 500 premiers euros de bĂ©nĂ©fice, et de 25 % au-delĂ ).
  2. La SAS/SASU peut-ĂŞtre assujettie Ă  la TVA en fonction de son chiffre d’affaires annuel et le montant de la TVA :
    • franchise de base de TVA (elle n’est pas assujettie) si elle rĂ©alise un chiffre d’affaires hors taxe (HT) infĂ©rieur Ă  36 800 â‚¬ pour les prestations de services ou infĂ©rieur Ă  91 900 â‚¬ pour les activitĂ©s de commerce et d’hĂ©bergement ;
    • rĂ©gime rĂ©el simplifiĂ© si elle rĂ©alise un chiffre d’affaires HT compris entre 36 800 â‚¬ et 254 000 â‚¬ pour les prestations de services ou entre 91 900 â‚¬ et 840 000 â‚¬ pour les activitĂ©s de commerce et d’hĂ©bergement. Cependant, le montant annuel de la TVA doit ĂŞtre infĂ©rieur Ă  15 000 â‚¬â€‰;
    • rĂ©gime rĂ©el normal si elle rĂ©alise un chiffre d’affaires HT supĂ©rieur Ă  254 000 â‚¬ pour les prestations de services ou 840 000 â‚¬ pour les activitĂ©s de commerce et de fourniture de logement ou si le montant annuel de la TVA est supĂ©rieur Ă  15 000 â‚¬.
  3.  La SAS/SASU est Ă©galement redevable de la CFE (Cotisation Foncière des Entreprises), sauf l’annĂ©e de sa crĂ©ation. Elle bĂ©nĂ©ficie Ă©galement d’une rĂ©duction d’imposition la 1 ʳᵉ annĂ©e et elle peut ĂŞtre exonĂ©rĂ©e temporairement ou de manière permanente en fonction de son activitĂ© et de sa localisation. La CFE est due par une SAS/SASU dès lors qu’elle rĂ©alise un chiffre d’affaires supĂ©rieur Ă  5 000 â‚¬ et si elle exerce une activitĂ© professionnelle non salariĂ©e Ă  titre habituel.
  4. La SAS/SASU est redevable de la CVAE (Cotisation sur la Valeur AjoutĂ©e des Entreprises) si elle rĂ©alise un chiffre d’affaires supĂ©rieur Ă  500 000 â‚¬ HT et si elle exerce une activitĂ© professionnelle non-salariĂ©e, lucrative et habituelle.

Bon Ă  savoir : sous certaines conditions, la SAS/SASU peut opter pour une imposition des bĂ©nĂ©fices Ă  l’impĂ´t sur le revenu (IR) pour une durĂ©e maximale de 5 ans. Cette option est soumise Ă  des critères spĂ©cifiques dont, notamment, un chiffre d’affaires annuel infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  10 millions d’euros et un capital social entièrement dĂ©tenu par des personnes physiques.

Zoom sur les obligations légales de la SAS ou SASU

Outre les obligations sociales et fiscales, la SAS ou SASU est soumise Ă  des obligations lĂ©gales, comme les obligations juridiques et comptables ainsi que la nomination d’un commissaire aux comptes et les conventions rĂ©glementĂ©es. 

Ainsi, parmi les obligations juridiques et comptables, notons : 

  • la consultation des actionnaires de la SAS au moins une fois par an, notamment pour l’approbation des comptes annuels et l’affectation du rĂ©sultat ;
  • la tenue d’une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale au moins une fois par an ;
  • la tenue d’une comptabilitĂ© prĂ©cise : livres comptables obligatoires (livre journal, grand livre), enregistrement chronologique et dĂ©taillĂ© de toutes les opĂ©rations et tous les mouvements affectant le patrimoine de l’entreprise (achats et ventes), inventaire annuel des actifs et passifs inscrits au patrimoine de la sociĂ©tĂ©, Ă©tablissement des comptes annuels incluant le bilan, le compte de rĂ©sultat et l’annexe ;
  • l’approbation et le dĂ©pĂ´t des comptes annuels par les actionnaires et leur dĂ©pĂ´t au greffe du tribunal de commerce dans les six mois suivants la clĂ´ture de l’exercice. 

Parmi les autres obligations, les actionnaires doivent Ă©galement nommer un commissaire aux comptes si la SAS/SASU dĂ©passe deux des trois seuils suivants : 

  • total bilan supĂ©rieur Ă  4 000 000 euros ; 
  • chiffre d’affaires HT supĂ©rieur Ă  8 000 000 euros ; 
  • un nombre moyen de salariĂ©s supĂ©rieur Ă  50. 

Cette obligation est valable même si les comptes de la SAS sont gérés et validés par un expert-comptable dès lors que les conditions ci-dessus sont atteintes.

Bien Ă©videmment, la SAS doit respecter les clauses Ă©tablies dans les statuts juridiques de la sociĂ©tĂ©. 

Enfin, outre les formalitĂ©s obligatoires lors d’une prise de dĂ©cision en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale (modifications des statuts juridiques notamment), le dirigeant de la SAS/SASU doit procĂ©der Ă  la publication d’une annonce lĂ©gale pour toute dĂ©cision importante. 

SAS/SASU ou SARL/EURL ?

Lorsque l’on rĂ©flĂ©chit au statut juridique Ă  choisir pour la crĂ©ation de son entreprise, il est frĂ©quent de faire la comparaison entre la SAS et la SARL (SociĂ©tĂ© Ă€ ResponsabilitĂ© LimitĂ©e) ou entre la SASU et l’EURL (Entreprise Unipersonnelle Ă  ResponsabilitĂ© LimitĂ©e, ou SARL Unipersonnelle). 

En effet, ces statuts concernent les mĂŞmes profils d’entrepreneurs. Cependant, la SAS/SASU et la SARL/EURL ont un fonctionnement diffĂ©rent. 

Tout d’abord, les statuts juridiques de la SARL/EURL accordent moins de libertĂ© aux associĂ©s. On parle d’associĂ©s en SARL/EURL, car il s’agit d’une sociĂ©tĂ© de personnes Ă©mettant des parts sociales et non des actions sociales, comme pour la SAS/SASU. Ainsi, une grande partie des statuts juridiques d’entreprise en SARL/EURL est fixĂ©e par la loi. 

La rigidité des statuts juridiques a notamment des conséquences sur la direction de la SARL/EURL. Si les actionnaires d’une SAS/SASU peuvent choisir de mettre en place d’autres organes de direction (président, directeur général, conseil d’administration, etc.), la gestion de la SARL/EURL se limite à la présence d’un ou plusieurs gérants. On parle alors de co-gérance.

De plus, le gĂ©rant majoritaire de la SARL/EURL est affiliĂ© au rĂ©gime de la SĂ©curitĂ© sociale des indĂ©pendants. Si ce rĂ©gime est moins coĂ»teux que le rĂ©gime gĂ©nĂ©ral de la SĂ©curitĂ© sociale, il offre nĂ©anmoins une moins bonne protection sociale. Cela Ă©tant dit, la rĂ©munĂ©ration du gĂ©rant est moins coĂ»teuse pour la SARL/EURL (45 % de charges sociales) que la rĂ©munĂ©ration du dirigeant de SAS/SASU (environ 80 % de charges sociales). 

Autre diffĂ©rence, et non des moindres, les droits des associĂ©s en SARL sont corrĂ©lĂ©s au montant de leurs apports en capital social. Ainsi, si deux associĂ©s ont apportĂ© le mĂŞme montant, alors ils ont les mĂŞmes droits. Ce n’est pas le cas en SAS, car les actionnaires peuvent Ă©mettre des actions de prĂ©fĂ©rence leur permettant de donner plus ou moins de droits Ă  certains actionnaires, indĂ©pendamment de leurs apports en capital social. 

Enfin, la cession des parts sociales en SARL/EURL est plus strictement encadrĂ©e que la cession des actions sociales en SAS/SASU. 

 

Si le fonctionnement interne de la SAS/SASU est laissĂ© Ă  la discrĂ©tion des actionnaires, force est de constater que son fonctionnement gĂ©nĂ©ral doit tout de mĂŞme respecter certaines règles lĂ©gales. Parmi les points forts de la SAS/SASU, le rĂ©gime social des dirigeants se rĂ©vèle bien plus avantageux grâce au statut d’assimilĂ©-salariĂ©. NĂ©anmoins, cette particularitĂ© en fait un des statuts les plus coĂ»teux en matière de rĂ©munĂ©ration du fait des cotisations sociales plus Ă©levĂ©es. Choisir le bon statut juridique pour son entreprise relève avant tout du bon arbitrage entre avantages et inconvĂ©nients Ă  corrĂ©ler au projet d’entreprise et au projet personnel de l’entrepreneur. 

blank

Agence Juridique est une plateforme de services juridiques en ligne qui offre Ă  tous les entrepreneurs – quelle que soit la taille de leur entreprise – de gĂ©rer l’ensemble de leurs dĂ©marches administratives, juridiques et comptables.

Nos guides pour les entrepreneurs :

Nos fiches pratiques