Cession d’actions en SAS ou SASU : conditions et formalitĂ©s

Table des matières

Au cours de la vie de la sociĂ©tĂ©, il est possible qu’un actionnaire souhaite sortir de la SAS. Cela est valable Ă©galement pour l’associĂ© unique de la SASU. Dans ce dernier cas, il n’est pas nĂ©cessaire de dissoudre et liquider la SASU si ce n’est pas le choix de l’associĂ© unique. En effet, il existe plusieurs dĂ©marches pour sortir d’une SAS ou SASU, comme la cession (vente) des actions ou la cession de la sociĂ©tĂ©. 

Ici, nous nous intéresserons donc plus spécifiquement à la cession des actions sociales.

La bonne nouvelle est que la cession d’actions est bien plus simple que la cession de parts sociales (SARL, par exemple). En effet, la libertĂ© des statuts de la SAS ou SASU fait que la cession d’actions est très peu encadrĂ©e par la loi. Allez, on vous explique tout ! 

Cession d’actions en SAS et SASU : dĂ©finition

Tout d’abord, il faut bien comprendre que le capital social d’une SAS ou SASU se compose d’actions sociales réparties entre les actionnaires

En effet, à leur entrée dans la société, chaque actionnaire procède à des apports personnels dans la société. On pourrait comparer cela à un droit d’entrée. En contrepartie de son apport (en numéraire, nature ou industrie), l’actionnaire reçoit « une partie de l’entreprise » sous forme d’actions.

Le nombre d’actions détenues est à hauteur de la participation de chaque actionnaire dans le capital social. Dans le cas de la SASU, l’associé unique détient toutes les actions.

Un actionnaire peut décider de vendre ou de donner tout ou partie des titres sociaux qu’il détient au sein de la société. On parle alors de cession. Vous comprenez donc qu’il peut y avoir des cessions à titre onéreux ou à titre gratuit. Cette cession peut se faire au profit d’un autre actionnaire de la SAS ou d’une personne extérieure.

Mais l’avantage des actions sociales, contrairement aux parts sociales, est que leur cession est libre (sauf clauses spécifiques dans les statuts juridiques). Aussi, les actions sont négociables et peuvent donc être cédées sans formalité particulière.

Cession d’actions en SAS et SASU : les motifs possibles

Un actionnaire peut dĂ©cider de cĂ©der tout ou partie de ses actions d’une SAS ou SASU pour diverses raisons :

  • volontĂ© de quitter la sociĂ©tĂ© pour motif personnel (dĂ©part Ă  la retraite, besoin de rĂ©cupĂ©rer des liquiditĂ©s, volontĂ© de se lancer dans un autre projet, etc.) ;
  • mĂ©sentente avec les autres actionnaires ;
  • faire des bĂ©nĂ©fices avec la vente d’actions ;
  • faire entrer un nouvel associĂ© au capital de la SAS sans procĂ©der Ă  une augmentation du capital social ;
  • etc.

Par principe, un actionnaire de SAS ou SASU est libre de céder ses actions. Mais, comme nous l’évoquions précédemment, les statuts de la société peuvent prévoir des modalités spécifiques en matière de cessions des actions. Ces modalités concernent principalement la SAS.

Cession d’actions en SAS : les modalitĂ©s spĂ©cifiques

Avant de décider de vendre ou donner ses actions sociales, un actionnaire doit en premier lieu regarder les modalités définies dans les statuts juridiques. En effet, ces derniers peuvent contenir des clauses spécifiques limitant et régulant la cession. Plus qu’une contrainte, il s’agit d’une sécurité pour la société.

En effet, il faut bien comprendre que le fait de possĂ©der des actions donne des droits aux actionnaires, notamment des droits de vote lors de prise de dĂ©cisions collectives, mais Ă©galement des droits aux bĂ©nĂ©fices. Aussi, il n’est pas question de vendre ces actions Ă  n’importe qui. 

La clause d’agrément

La clause d’agrément permet d’encadrer l’arrivée d’un nouvel associé. Aussi, lorsque la cession d’actions est au profit d’un tiers, alors l’accord des actionnaires de la SAS est obligatoire. Ces derniers doivent se réunir en assemblée générale afin de donner ou non leur approbation sur l’arrivée du nouvel actionnaire.

La clause de préemption

La clause de préemption oblige l’actionnaire cédant ses actions à les proposer en priorité aux autres actionnaires. Si ces derniers ne souhaitent pas les racheter, alors, il peut proposer la cession à des tiers. Si les statuts comportent également une clause d’agrément, alors l’actionnaire cédant doit obtenir l’accord des autres actionnaires.

Cette clause vise Ă  protĂ©ger la sociĂ©tĂ© afin d’éviter que les actions soient cĂ©dĂ©es Ă  un investisseur tiers ou Ă  un concurrent. De plus, le droit de prĂ©emption permet de limiter l’entrĂ©e de personnes externes dans les prises de dĂ©cision. Autrement dit, l’entreprise conserve les mĂŞmes actionnaires. 

Pour cela, l’actionnaire cédant doit informer les autres actionnaires au moment de céder ses actions. Les modalités d’information sont prévues dans les statuts juridiques ou le pacte d’actionnaires. Si plusieurs actionnaires se manifestent pour le rachat, généralement, les actions sont partagées en proportion de celles qu’ils détiennent déjà respectivement.

La clause d’inaliénabilité

Ă€ la crĂ©ation de la SAS, les actionnaires peuvent dĂ©cider d’ajouter une cause d’inaliĂ©nabilitĂ© (dans les statuts ou le pacte d’actionnaires) afin de protĂ©ger davantage la sociĂ©tĂ©. En effet, la clause d’inaliĂ©nabilitĂ© interdit aux actionnaires de cĂ©der leurs actions pendant une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e. Le dĂ©lai lĂ©gal maximum d’inaliĂ©nabilitĂ© est limitĂ© Ă  10 ans.

Bon Ă  savoir : Cette clause peut ne concerner qu’une partie des actionnaires.

Cession d’actions en SAS et SASU : le prix de vente

Avant tout, il faut distinguer la valeur nominale de l’action et sa valeur sur le marchĂ©. En effet, la valeur nominale d’une action correspond Ă  la valeur qui lui est attribuĂ©e dans les statuts juridiques. Autrement dit, il s’agit du droit d’entrĂ©e payĂ© par les actionnaires Ă  la crĂ©ation de la sociĂ©tĂ©. 

La valeur de cession (ou valeur du marchĂ©) est conditionnĂ©e aux profits et pertes de la sociĂ©tĂ©. Aussi, la valeur de cession peut ĂŞtre supĂ©rieure ou infĂ©rieure Ă  la valeur nominale. 

En règle générale, l’actionnaire cédant est libre de fixer le prix de cession. Il peut donc négocier le tarif avec l’acquéreur. Toutefois, en SAS, les autres actionnaires peuvent ne pas être d’accord (qu’ils souhaitent les racheter au non). Il est donc nécessaire de trouver un terrain d’entente entre les deux ou trois parties.

Dans certains cas, les statuts juridiques ou le pacte d’actionnaires de la SAS dĂ©terminent un prix de cession. Aussi, les parties sont tenues de respecter les règles statutaires et/ou extra-statutaires (pacte d’actionnaires).

Si la fixation du prix de cession est libre, il est courant de recourir Ă  l’une mĂ©thode des mĂ©thodes de valorisation suivante :

  • la valeur patrimoniale (aussi appelĂ©e actif net réévaluĂ©) : elle correspond Ă  la diffĂ©rence entre l’actif et le passif de la sociĂ©té ;
  • la rentabilitĂ© en fonction des rĂ©sultats et/ou des flux de trĂ©sorerie prĂ©visionnels ;
  • la valeur indexĂ©e : il s’agit de la comparaison avec la valeur des actions cĂ©dĂ©es dans des sociĂ©tĂ©s similaires (mĂŞme profil et mĂŞme secteur d’activitĂ©).

Cession d’actions en SAS et SASU : la procĂ©dure

L’actionnaire cédant, les autres actionnaires et le ou les acquéreurs ont trouvé un terrain d’entente ? Parfait, vous êtes sur la bonne voie.

NĂ©anmoins, il faut savoir que si la cession d’action en SAS ou SASU est libre, elle n’échappe pas aux obligations lĂ©gales. Aussi, il est nĂ©cessaire de respecter certaines dĂ©marches (certaines Ă©tant facultatives) dont : 

  • la rĂ©daction de l’acte de cession d’actions ;
  • la mise Ă  jour du registre des mouvements de titres ;
  • l’enregistrement de l’acte de cession.

La rédaction et la signature d’une promesse de cession d’actions

La rédaction d’une promesse de cession d’actions n’est pas obligatoire. Son rôle vise, avant tout, à sécuriser les deux parties. En effet, dans la promesse de cession, le cédant s’engage à vendre ses actions sociales au prix déterminé. De son côté, l’acheteur s’engage à les acheter au prix fixé.

La rédaction de l’acte de cession d’actions

Dans le cadre de la cession d’actions, la rédaction d’un écrit n’est pas obligatoire. Toutefois, vous comprenez certainement pourquoi la rédaction d’un acte de cession d’actions reste vivement recommandée.

En effet, il est important de constater la cession par écrit, notamment en cas de litige. L’acte de cession est alors une preuve, car il permet de préciser les conditions de la cession.

Si vous optez pour la rĂ©daction d’un acte de cession, il doit alors contenir un certain nombre d’informations obligatoires :

  • l’identitĂ© du vendeur et de l’acheteur ;
  • le nombre d’actions vendues ;
  • le prix de vente ;
  • la date de cession ;
  • le mode de paiement ;
  • le dĂ©lai de transfert des actions.

Mise Ă  jour du registre des mouvements de titres

La cession d’actions implique de rédiger un ordre de mouvement. L’ordre de mouvement sert à demander à la SAS ou SASU de transférer les actions du compte du cédant à celui de l’acquéreur. C’est pourquoi le formulaire doit être rempli, signé et remis à la société par le cédant.

Ă€ la rĂ©ception de l’ordre de mouvement de titres, il faut mettre Ă  jour le registre des mouvements de titres de la sociĂ©tĂ©, soit : 

  • les informations sur l’identitĂ© du vendeur et de l’acheteur ;
  • le nombre d’actions cĂ©dĂ©es ;
  • la date de la cession.

Le registre de mouvement de titres est un document officiel retraçant tous les transferts de propriĂ©tĂ© d’actions au sein d’une sociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e (SAS et SASU) ou d’une sociĂ©tĂ© anonyme (SA) comptant moins de 100 actionnaires. Il n’est donc pas obligatoire dans les autres types de sociĂ©tĂ©s (SARL, EURL, SNC, sociĂ©tĂ©s civiles, etc.).

Enregistrement de l’acte de cession

Dernière Ă©tape : la dĂ©claration de la cession au Service des ImpĂ´ts des Entreprises (SIE) dans un dĂ©lai d’un mois après la conclusion du contrat de cession. Attention, en cas de retard, des pĂ©nalitĂ©s sont appliquĂ©es par le SIE.

En effet, la cession d’actions Ă  titre payant est soumise Ă  des droits d’enregistrement de 0,1 % du prix de la cession. Pour les cessions d’actions infĂ©rieures Ă  25 000 â‚¬, le montant des droits d’enregistrement est fixĂ© forfaitairement Ă  25 â‚¬.

Bon Ă  savoir : Il n’existe pas de droits d’enregistrement pour la cession d’actions de SAS ou SASU Ă  titre gratuit. On parle alors de donation d’actions.

Aussi, l’actionnaire cédant (cas le plus fréquent) ou l’acquéreur doit procéder à cette formalité directement en ligne. Pour cela, il doit se rendre sur son espace professionnel en ligne sur le site des impôts dans la rubrique « Démarches » puis « Cession de droits sociaux ».

Toutefois, il est Ă©galement possible de complĂ©ter le formulaire CERFA 2759 et de l’envoyer par courrier au SIE dont dĂ©pend la sociĂ©tĂ©. De plus, au moment de la dĂ©claration, l’actionnaire cĂ©dant doit s’acquitter du paiement des droits d’enregistrement sur les cessions d’actions.

Bon Ă  savoir : Les droits d’enregistrement peuvent ĂŞtre partagĂ©s entre le vendeur et l’acheteur si l’acte de cession le prĂ©voit. Toutefois, le cĂ©dant est solidaire du cessionnaire. Cela signifie que si ce dernier ne s’acquitte pas des droits d’enregistrement, alors c’est au cĂ©dant de payer. Le cĂ©dant pourra alors se retourner contre le cessionnaire pour dĂ©faut de paiement.

Bonne nouvelle, la cession des actions en SAS et SASU (y compris en SA) n’entraîne pas de formalité auprès du greffe quand la cession a obtenu l’agrément des actionnaires. Ceci est également valable lorsqu’il y a modification du nom des actionnaires dans les statuts dans la mesure où le capital social reste inchangé.

Autrement dit, il n’est pas nĂ©cessaire de publier une annonce lĂ©gale de modification de SAS ou SASU et d’envoyer un dossier de modification au greffe. 

Cession d’actions en SAS et SASU : la fiscalitĂ©

Ă€ l’issue de la cession, l’actionnaire cĂ©dant a donc reçu une somme d’argent. Les apports effectuĂ©s dans la SAS ou SASU ne sont pas imposables lorsque l’actionnaire les rĂ©cupère. Toutefois, s’il y a bĂ©nĂ©fices, alors ceux-ci sont imposables au titre de l’impĂ´t sur le revenu. 

Par exemple, Ă  la crĂ©ation de la SAS, un actionnaire a versĂ© 50 000 â‚¬ d’apports. En contrepartie, il a perçu 50 actions de 1 000 â‚¬ chacune (valeur nominale). Il dĂ©cide de vendre l’ensemble de ses actions aux prix de 2 000 â‚¬ par action (prix de cession), soit 100 000 â‚¬. Il fait alors un bĂ©nĂ©fice de 50 000 â‚¬, il y a plus-value.

Ce bĂ©nĂ©fice peut ĂŞtre imposĂ© de deux façons : par dĂ©faut Ă  la « flat tax » ou au barème progressif de l’impĂ´t sur le revenu. 

L’imposition des bénéfices de cession d’action par défaut à la « flat tax »

Depuis le 1er janvier 2018, les plus-values rĂ©alisĂ©es lors d’une cession d’actions sont imposĂ©es par dĂ©faut Ă  la flat tax, ou prĂ©lèvement forfaitaire unique (PUF). Le taux d’imposition est de 30 % (17,2 % de prĂ©lèvements sociaux et 12,8 % pour l’impĂ´t sur le revenu).

Si l’on reprend l’exemple prĂ©cĂ©dent, alors l’actionnaire cĂ©dant devra s’acquitter de 15 000 â‚¬ d’imposition (30 % de 50 000 â‚¬ de bĂ©nĂ©fices).

Attention, il n’est pas possible de bénéficier d’un abattement sur la cession d’actions dans le cadre du prélèvement forfaitaire unique.

Bien que le PFU soit le régime d’imposition par défaut, l’actionnaire peut choisir l’option pour l’imposition au barème progressif.

L’option pour l’imposition au barème progressif des bénéfices de cession

Pour bĂ©nĂ©ficier de l’option de l’imposition au barème progressif, l’actionnaire cĂ©dant doit cocher la case 2OP lors de sa dĂ©claration de revenus. Il doit indiquer le montant de la plus-value. Le taux d’imposition dĂ©pend alors du revenu fiscal du foyer, soit :

Fraction du revenu imposable (pour une part)

Taux d’imposition à appliquer sur la tranche

Jusqu’à 11 294 â‚¬

0 %

De 11 295 â‚¬ Ă  28 797 â‚¬

11 %

De 28 798 â‚¬ Ă  82 341 â‚¬

30 %

De 82 342 â‚¬ Ă  177 106 â‚¬

41 %

SupĂ©rieur Ă  177 106 â‚¬

45 %

Cependant, il est possible de bĂ©nĂ©ficier d’un abattement avec le barème progressif : 

  • 50 % si l’actionnaire dĂ©tenait les actions cĂ©dĂ©es depuis au moins 2 ans et moins de 8 ans ;
  • 65 % s’il dĂ©tenait les actions cĂ©dĂ©es depuis au moins 8 ans ; 
  • 300 000 â‚¬ lorsque la cession est faite Ă  un salariĂ© de la SAS ou SASU ou Ă  un membre de la famille du cĂ©dant et que l’acquĂ©reur poursuit l’activitĂ© de la sociĂ©tĂ©.

Il est Ă©galement possible de bĂ©nĂ©ficier d’un abattement renforcĂ© lorsqu’il s’agit d’une cession :

  • sur les actions d’une PME nouvelle ;
  • sur les actions d’un groupe familial ;
  • suite Ă  un dĂ©part Ă  la retraite.

Si la possibilité de bénéficier d’un abattement est convaincante, il faut tout de même garder en tête que l’option pour l’imposition au barème progressif peut entraîner un changement de tranche d’imposition et donc augmenter significativement le montant de vos impôts sur le revenu.

L’option de l’imposition au barème progressif est globale. Cela signifie que tous les capitaux mobiliers, plus-values de cession de droits sociaux et de valeurs mobilières, distributions (dividendes), etc., seront alors concernés.

Il convient donc de calculer l’imposition de cession d’après ces deux méthodes pour voir celle qui est la plus favorable selon votre situation.

 

La cession d’actions en SAS et SASU bĂ©nĂ©ficie d’une procĂ©dure allĂ©gĂ©e, contrairement Ă  la SARL et l’EURL. Les deux seules formalitĂ©s obligatoires concernent la mise Ă  jour du registre des mouvements de titres et l’enregistrement de l’acte de cession au SIE. Les autres dĂ©marches sont facultatives (exceptĂ© la dĂ©claration de la plus-value, Ă©videmment). Les modalitĂ©s de cession varient en fonction de ce qui a Ă©tĂ© dĂ©fini dans les statuts juridiques ou le pacte d’actionnaires (clause d’agrĂ©ment, clause de prĂ©emption, clause d’inaliĂ©nabilitĂ©). 

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