Peut-on prendre des vacances quand on lance sa boîte ?

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Quand je me suis lancée à mon compte, je croyais naïvement que je pourrais prendre des vacances comme le fait un salarié. Une ou deux semaines pour tout couper, pour respirer, pour me retrouver loin du Web et de mes activités du digital, loin de mes clients, et surtout loin de ce travail qui prend beaucoup de place dans ma vie. Mais très vite, j’ai compris que lancer mon entreprise, c’était un peu comme devenir maman. Eh oui, en tant qu’entrepreneur, et plus particulièrement jeune entrepreneur, on a la fâcheuse tendance à toujours être sur le qui-vive, même pendant les moments de repos. Et croyez-le ou non, ce n’est pas si simple de se défaire de son rôle.

Je me suis donc dit qu’il pouvait être intéressant de vous parler de cette mission quasi impossible que représente le fait de prendre des congés quand on est entrepreneur, et en particulier freelance. Comment garder la tête hors de l’eau sans s’épuiser ? Et surtout, comment faire quand on veut prendre du repos sans que tout s’effondre ?

Le piège invisible du « je suis indispensable »

Si vous êtes entrepreneur solo, comme c’est mon cas, vous n’avez personne sur qui compter pour prendre le relais de l’entreprise pendant votre absence. On est aux manettes de tout, du marketing à la comptabilité, des idées au service client, etc. Personnellement, je fais tout, tout le temps, et je sais pertinemment que si je m’arrête, tout s’arrête. C’est un fait.

Mais la difficulté mentale réside justement dans cette notion du « tout s’arrête ». Parce que ce n’est pas tout à fait vrai.

Évidemment, si vous n’êtes plus là pour travailler pendant deux semaines, vos clients ne vous contactent pas (si on part du principe que vous les avez prévenus en avance). Sauf que tout le monde sait que cette situation est temporaire. En théorie. Parce qu’en pratique, une idée sournoise peut s’installer : et si mes clients me remplacent durant mes vacances ? Vous vous dites que ça sent le vécu ? Vous avez raison. J’ai mis des années à me détacher de cette angoisse (et je crois que je n’y suis pas complètement parvenue).

J’ai longtemps pensé que prendre du repos, c’était afficher une faiblesse, voire mettre en danger toute mon activité et possiblement échouer en tant qu’entrepreneuse. Pourtant, c’est le contraire. Ne pas prendre de recul, c’est risquer le burn-out. Et quand votre cerveau lâche, croyez-moi, ce ne sont plus des vacances qu’il vous faut, c’est un arrêt forcé.

Notre vie ne doit pas être dictée par notre travail 24h/24. Je sais que beaucoup pensent le contraire, mais cet état d’esprit a ses limites et se paye un jour. Pour prendre soin de votre entreprise, vous devez d’abord prendre soin de vous. Or, vous n’avez pas lancé votre activité pour devenir votre propre bourreau. En ce qui me concerne, je l’ai fait pour me construire une vie équilibrée et alignée avec mes valeurs.

S’il est normal d’oublier ces nuances dans les premières semaines, voire au cours de la première année, parce qu’il faut prouver que notre business tient la route, ne vous oubliez pas dans l’histoire. Et surtout, si vous traînez du côté de LinkedIn, ne vous laissez pas influencer par tous ces entrepreneurs qui semblent réussir en dormant trois heures par nuit et en postant des vidéos inspirantes tous les matins. C’est du fake ! C’est complètement faux. La plupart des entrepreneurs les plus influents sur ce réseau n’ont pour seul travail que leur visibilité. Si vous saviez combien n’ont aucun client à côté et se contentent d’être influenceurs…

La plupart des entrepreneurs galèrent en silence, culpabilisent de prendre une journée off, et finissent par perdre leur énergie et leur lucidité.

Le vrai défi n’est pas de partir, mais d’oser laisser votre siège vide sans culpabiliser.

Le faux luxe des vacances quand on est freelance

En toute franchise, je ne compte plus le nombre de freelances qui me disent régulièrement qu’ils n’ont pas pris de vraies vacances depuis qu’ils ont lancé leur activité. Pour certains, ce n’est pas grave, tout va bien, car ils adorent leur job. D’accord, mais jusqu’à quand ?

Moi aussi, c’est ce que je disais. En tout cas, c’est ce que je me disais jusqu’à ce que je me rende compte que j’étais toujours en train de travailler. Tout le temps. Même à la plage, mon cerveau carburait. Et tout ça, sans facturer la moitié de ces heures !

Parce que oui, c’est ça aussi prendre des congés quand on est indépendant. Pas de facturation, pas de revenus, d’où la tentation de rester en mode semi-connecté, d’afficher une photo de cocktail sur Instagram, tout en répondant à ses emails entre deux sorties. Mais cette stratégie est usante et elle ne trompe personne, surtout pas votre cerveau.

Au bout de 18 ans de freelance, j’ai compris une chose primordiale. Le vrai luxe, ce n’est pas de prendre trois jours ici ou là, en mode « j’essaie de ne pas trop culpabiliser », c’est plutôt d’oser vous absenter, de vous imposer de tout couper, de vous retrouver et de vous ressourcer tout en laissant votre activité en stand-by.

Faites-le juste une fois, et vous verrez que votre entreprise ne s’écroulera pas. Vos clients ne vous quitteront pas. Votre activité survivra sans vous pendant quelques jours si vous l’anticipez.

Poser des vacances sans impacter votre activité : petit guide pratique

Je vais vous dire un truc que j’aurais aimé entendre lorsque j’ai débuté : vos clients vous respectent plus quand vous posez des limites. Or, ça inclut vos vacances.

La première condition est, évidemment, de les prévenir. Le secret, c’est l’organisation. Je préviens mes clients au moins trois semaines à l’avance et je planifie les livraisons ainsi que les alternatives si besoin. Je prévois aussi un message d’absence clair et rassurant au cas où l’un d’entre eux me contacte par email ou téléphone.

Parce qu’après tout, c’est aussi dans la façon dont vous allez gérer la préparation de vos congés que vos clients vous jugeront. Plus ils sauront qu’ils peuvent vous faire confiance, plus vous aurez l’esprit libre pour partir sereinement.

Autre conseil, et non des moindres si vous voulez mon avis, mettez en pause vos réseaux sociaux (et sans culpabilité, s’il vous plaît). Si votre visibilité est essentielle pour la continuité de votre business, sachez que vous pouvez programmer vos posts ou simplement prévenir votre communauté. Et si vous n’avez pas envie de poster sur LinkedIn pendant une semaine, ne le faites pas, personne ne vous en voudra (je suis bien placée pour le savoir, je suis en pleine pause LinkedIn). Ce n’est pas votre visibilité qui fait votre valeur, c’est la qualité de ce que vous produisez. Ne l’oubliez jamais !

Et d’ailleurs, à ce propos, vous seriez surpris de constater comment accepter de ralentir peut parfois vous permettre d’avoir vos meilleures idées. C’est souvent après mes vacances que j’ai repensé mes stratégies, mes offres, mon marketing, etc.

 

En d’autres termes, prendre des vacances quand on lance sa boîte, ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est une force. C’est le signe que vous avez compris une chose capitale : votre entreprise a besoin de vous en forme et pas en mode survie. Alors, oui, la tentation est grande de ne jamais lâcher, surtout au début, mais vous méritez ces moments off, et votre entreprise également.

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Ludivine RETOURNE
Entrepreneuse depuis 2007, je baigne depuis 18 ans dans le marketing digital (storytelling, copywriting, rédaction) et le référencement. Mais c’est en travaillant de nombreuses années pour des professionnels de la création d'entreprise que je suis devenue, sans m'en rendre compte, une encyclopédie de l'entrepreneuriat. Sur ce blog, je partage avec vous mes conseils et astuces, mais aussi mes observations, pour développer votre activité sans vous prendre la tête ! Retrouvez-moi sur Linkedin

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