Créer une entreprise avec un handicap, c’est possible. Je le sais, je l’ai fait. Et pourtant, je ne vais pas vous mentir, ça ne se fait pas sans embûches. Être entrepreneur handicapé en France, c’est affronter à la fois les obstacles de l’entrepreneuriat classique, mais aussi ceux plus spécifiques dus au handicap. Et surtout, c’est devoir justifier sa valeur professionnelle, s’adapter en permanence, et souvent, prouver qu’on a les compétences pour créer une activité rentable malgré les freins physiques ou sensoriels.
Cependant, dans une telle situation, l’entrepreneuriat est une opportunité en or pour reprendre le contrôle de sa vie professionnelle, faire entendre sa voix et créer une offre qui reflète ses conditions de travail. Petit tour d’horizon sans filtre, mais avec beaucoup de conseils, d’astuces et de solutions concrètes que j’aurais voulu savoir plus tôt.
Créer son entreprise avec un handicap : les obstacles à anticiper
Quand on est en situation de handicap, l’accès au travail est souvent semé d’embûches. Et l’entrepreneuriat n’échappe pas à cette règle. On pense parfois qu’en quittant le salariat, on va enfin s’émanciper de l’inaccessibilité physique, des préjugés ou des contraintes liées aux horaires. Malheureusement, ce n’est qu’en partie vrai.
Créer une entreprise implique en effet de mobiliser une énorme énergie. Il faut créer un projet, trouver des clients, gérer la communication, construire une offre, comprendre les démarches administratives, et de temps en temps jongler entre plusieurs services. Et cela peut s’avérer encore plus lourd quand la moindre étape exige des aménagements ou une accessibilité particulière.
Et puis, le manque de reconnaissance est un réel frein. Trop souvent, les entrepreneurs en situation de handicap sont perçus comme « fragiles » ou « limités ». Il faut alors se battre non seulement pour faire exister son entreprise, mais aussi pour être pris au sérieux par ses clients, ses partenaires, ou même par certaines institutions.
La fatigue, les soins médicaux, la dépendance à un aidant ou à des outils techniques peuvent rendre le rythme de l’entrepreneuriat d’autant plus difficile à suivre, sans oublier l’épuisement chronique qui affecte énormément de travailleurs handicapés.
Enfin, les obstacles financiers sont bien réels, notamment parce que la majorité des aides dédiées à la création d’entreprise ne sont pas pensées pour les personnes handicapées, ou elles sont méconnues. L’Agefiph, par exemple, propose des dispositifs de soutien financier et d’accompagnement, mais faut-il encore en connaître l’existence et savoir bénéficier des bons droits au bon moment.
Trouver des solutions : mes conseils pour les entrepreneurs handicapés
Heureusement, il existe des solutions, et j’en ai expérimenté plusieurs par moi-même. Pour commencer, je vous recommande de bien penser votre projet en fonction de vos forces et de vos contraintes. Ce n’est pas grave si vous ne pouvez pas faire comme les autres. Votre façon de travailler est une richesse, pas un défaut.
Répondez à une première question : quelles sont vos ressources ? Cela peut être une expertise technique, une idée innovante, une expérience professionnelle déjà acquise, ou une capacité à communiquer différemment. C’est à partir de cette réponse que vous allez construire votre entreprise, en capitalisant sur ce que vous faites mieux que personne.
De même, ne négligez pas votre entourage (et je ne parle pas que de vos proches), car l’accompagnement peut tout changer. L’Agefiph propose par exemple un dispositif d’appui spécifique à la création d’entreprises pour les travailleurs handicapés. Aides financières, accompagnements adaptés, etc., les options sont multiples. Il existe aussi des réseaux spécialisés dans l’inclusion et la formation à distance, pour suivre d’éventuels modules à votre rythme.
Autre point crucial : la communication. En tant qu’entrepreneuse handicapée, j’ai longtemps choisi de cacher mon handicap. Mais en toute franchise, je pense aujourd’hui que c’était une erreur. Cela fait quelques mois que je l’assume dans ma stratégie de marque, et même si pour ma part, c’est un choix personnel, je constate que c’est une réelle force différenciante. Bien sûr, vous n’êtes pas obligé de tout dire ! Mais faire de votre parcours une partie de votre message, c’est de l’excellent storytelling, et c’est ce qui peut attirer les bons clients, ceux qui croient en votre valeur et pas uniquement en votre capacité à cocher des cases.
Pour finir, apprenez à poser des limites. Eh oui ! Travailler avec un handicap, c’est aussi savoir dire non, refuser les modèles épuisants et créer une activité qui respecte votre santé, vos besoins et votre rythme. L’accessibilité, ce n’est pas qu’une question de rampes d’accès ou de matériel adapté. C’est également une question de respect, de temps et de répartition de votre charge mentale.
Le télétravail et l’adaptation de l’activité à ses propres limites sont des leviers déterminants pour concilier handicap et création d’entreprise.
Ouvrir de nouvelles opportunités avec l’entrepreneuriat inclusif
Le plus grand pouvoir de l’entrepreneuriat est sans doute la liberté de créer un monde à son image. Et ça, quand on vit avec un handicap, c’est presque révolutionnaire. Je ne dis pas que c’est simple, mais ça a le mérite d’être possible. Et ça peut même devenir une source d’innovation !
Les entrepreneurs handicapés sont les mieux placés pour imaginer de nouvelles solutions, parce qu’ils voient des choses que d’autres ne voient pas. C’est de cette façon que naissent les idées qui répondent à des besoins spécifiques, les services pensés pour être plus justes et plus humains, etc. Créer une entreprise quand on est en situation de handicap peut impliquer de penser « inclusion » dès le départ. Et cette inclusion ne profite pas qu’aux personnes en situation de handicap. Elle transforme la société, petit à petit, et entraîne des emplois plus respectueux, des entreprises plus ouvertes et des clients mieux informés. Je suis convaincue que c’est en partageant mes expériences et en créant des ponts entre ma réalité et celle des autres que je participe à ce mouvement de fond.
Alors si vous hésitez à vous lancer, rappelez-vous que votre différence est un levier de réussite, et je suis bien placée pour le savoir. Ce n’est pas malgré votre handicap que vous pouvez réussir, c’est avec lui, et possiblement grâce à lui.
