Importés tout droit des États-Unis, les food trucks font de plus en plus d’adeptes en France. Leur succès est fulgurant auprès d’un public citadin en quête de nouvelles expériences gustatives.
Hamburgers, tacos, hot-dogs, pizzas : les opportunités sont multiples pour les entrepreneurs désireux de se lancer dans la restauration ambulante. En effet, la nature itinérante du food truck lui permet d’augmenter sa zone de chalandise et toucher une clientèle potentiellement plus large qu’un restaurant classique.
Si l’ouverture d’un food truck est une aventure passionnante et lucrative, il s’agit tout de même d’une activité réglementée qui nécessite une bonne planification.
Afin de vous lancer en toute sérénité, Agence Juridique vous propose de faire le point sur les obligations légales à charge de l’entrepreneur souhaitant ouvrir son food truck. Une fois ces points maîtrisés, il ne vous restera plus qu’à vous concentrer sur la viabilité économique de votre projet !
Ouvrir un food truck : quelle formation et quels diplômes ?
Il n’est pas obligatoire de suivre une formation spécifique pour ouvrir un food truck, mais il peut être utile de posséder certaines compétences et connaissances pour réussir dans cette activité. Voici quelques éléments à prendre en compte :
- Compétences culinaires : il est important de savoir cuisiner et maîtriser les techniques de base de la cuisine. Si vous n’avez pas de formation professionnelle en cuisine, vous pouvez suivre des cours de cuisine ou de boulangerie pour acquérir les compétences nécessaires.
- Gestion d’entreprise : gérer un food truck implique de nombreuses responsabilités, notamment la gestion des finances, la gestion du personnel et la gestion des stocks. Si vous n’avez pas de formation en gestion, il peut être utile de suivre des cours pour acquérir ces compétences.
- Connaissances en matière de sécurité alimentaire : il est crucial de respecter les normes de sécurité alimentaire pour protéger la santé de vos clients. Vous devrez donc être familiarisé avec les règles et les réglementations en matière de sécurité alimentaire et de manipulations alimentaires.
Il n’est pas nécessaire de posséder un diplôme spécifique pour ouvrir un food truck, mais il peut être utile de posséder un diplôme en gestion d’entreprise, en cuisine ou en marketing pour avoir une meilleure compréhension des aspects techniques et professionnels de cette activité.
Comment ouvrir un food truck en France : les démarches à respecter
Étape 1 : trouver votre concept
Avant de procéder à l’ouverture d’un food truck, il convient tout d’abord d’établir le concept de votre futur business : que souhaitez vous vendre ? Quelle ambiance créer ?
Afin de mûrir votre projet et d’assurer sa rentabilité sur le long terme, il est crucial de réaliser une étude de marché. Cette démarche consiste à collecter, analyser et interpréter des informations sur un marché, un secteur d’activité ou un produit, afin de mieux comprendre les tendances, les besoins et les attentes des clients potentiels.
En réalisant une étude de marché avant de vous lancer dans l’ouverture de votre food truck, vous obtiendrez des informations cruciales, vous permettant ainsi de prendre des décisions éclairées concernant la stratégie, le concept, le positionnement, le lancement ou l’évolution de votre offre de produits. Parmi ces données clés, on trouve notamment :
- Les données démographiques : informations sur la population cible, comme l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, le revenu, etc.
- Les préférences alimentaires et habitudes de consommation : informations sur les types de nourritures et de boissons préférés de la population cible, ainsi que sur les tendances actuelles en matière de consommation alimentaire.
- Des données concernant l’emplacement : informations sur les endroits où la population cible se rend le plus souvent et où ils seraient les plus enclins à acheter de la nourriture à emporter, comme les parcs, les festivals, les universités, etc.
- La concurrence : informations sur les autres food trucks et les restaurants de rue qui sont déjà présents sur le marché, ainsi que sur leurs offres et leur popularité.
- Les prix : informations sur les prix pratiqués par les autres food trucks et restaurants de rue, ainsi que sur le niveau de sensibilité de votre future clientèle au prix.
- Une analyse des tendances du marché : informations sur les tendances actuelles en matière de consommation alimentaire et de commerce de rue, ainsi que sur les éventuelles réglementations ou restrictions qui peuvent affecter les food trucks.
En réalisant une étude de marché, vous pourrez également établir une stratégie marketing afin de mieux faire connaître vos produits et générer du trafic vers votre food truck. Par exemple, il peut être judicieux de faire la promotion de votre offre sur les réseaux sociaux ou sur votre propre site internet.
Étape 2 : réaliser un business plan
Avant de se lancer dans l’aventure food truck, pensez à réaliser un business plan. Étape incontournable de la création d’une entreprise, le business plan constitue à rédiger un document de référence pouvant s’apparenter à une profession de foi du créateur d’entreprise. Il décrit les aspects clés d’un projet de création d’entreprise, y compris les objectifs de l’entreprise, les stratégies pour atteindre ces objectifs, les ressources nécessaires et les étapes à suivre pour mettre en œuvre le plan.
Un business plan est généralement utilisé pour convaincre des investisseurs, des banques ou des partenaires commerciaux afin de soutenir l’entreprise en leur fournissant des informations sur les opportunités de croissance et de rentabilité de l’entreprise. Il peut également être utilisé comme un outil de gestion pour aider les entrepreneurs à suivre leur progression et à prendre des décisions stratégiques.
Étape 3 : trouver le véhicule
Afin d’installer votre cuisine mobile et de vendre vos produits, vous aurez besoin d’un véhicule adapté. Afin de vous procurer votre food truck, plusieurs solutions s’ouvrent à vous :
- Acheter un camion neuf ou d’occasion : vous pouvez acheter un véhicule neuf ou d’occasion auprès d’un concessionnaire ou sur des sites de vente en ligne comme eBay ou Leboncoin ;
- Louer un véhicule : vous pouvez louer un véhicule pour votre food truck auprès d’une société de location de véhicules ou d’une entreprise spécialisée dans la location de food trucks ;
- Fabriquer votre propre véhicule : si vous êtes bricoleur, vous pouvez construire votre propre food truck en achetant un véhicule de base et en l’équipant vous-même.
Quelle que soit l’option que vous choisissez, il convient de bien réfléchir à votre budget et à vos besoins. Cela vous aidera notamment à déterminer la capacité de votre camion ainsi que les équipements qu’il comportera.
Étape 4 : choisir votre statut juridique
Afin de commencer votre activité de food truck, il est nécessaire de créer votre entreprise. Plusieurs statuts juridiques s’offrent alors à vous.
La micro-entreprise
L’ouverture d’un food truck nécessite un investissement financier important, pour acheter le véhicule, les fournitures et les équipements de cuisine (couteaux, réfrigérateurs, fours etc…). Le lancement de l’activité implique également l’achat d’un stock représentant une partie substantielle du chiffre d’affaires. D’un point de vue fiscal, il peut être très intéressant de déduire toutes ces charges afin d’amortir plus rapidement l’achat du camion et des équipements de cuisine.
Dans ces conditions, la micro-entreprise (ancienne auto-entreprise) est inadaptée. Elle constitue un choix peu opportun dans la mesure où il est impossible de déduire fiscalement les charges du chiffre d’affaires, et que le chiffre d’affaires réalisable est plafonné. De plus, en tant qu’auto-entrepreneur, si vous souhaitez contracter un prêt, vous serez tenu du remboursement sur votre patrimoine personnel en cas de faillite.
La société
Pour toute ces raisons, il convient plutôt de s’orienter vers une société. Du fait de sa personnalité morale et de la responsabilité limitée des sociétés commerciales, votre patrimoine est protégé en cas de faillite.
Certaines formes de société sont particulièrement adaptées à l’activité de food truck. Tout dépend de vos besoins et du nombre de personnes portant le projet. Vous aurez ainsi le choix entre :
- La SASU ou l’EURL si vous êtes seul à créer la société de food truck. La distinction entre ces deux sociétés se fait au niveau du statut social du dirigeant : le président de SASU est assimilé salarié tandis que le gérant d’EURL est Travailleur Non Salarié (TNS).
- La SAS ou la SARL si vous êtes plusieurs actionnaires ou associés. Il s’agit en réalité de la forme pluripersonnelle de la SASU et de l’EURL. La SAS présente l’avantage d’une flexibilité statutaire, les actionnaires peuvent définir des règles de fonctionnement particulières. Dans la SARL, les statuts sont en grande partie définis par la loi assurant une sécurité juridique aux associés.
Les statuts juridiques les plus courants pour un food truck sont l’entreprise individuelle, la société à responsabilité limitée (SARL) et la société par actions simplifiée (SAS). Il est important de choisir le statut juridique qui convient le mieux à votre activité de food truck, en fonction de votre situation personnelle et de votre projet d’entreprise. Il est recommandé de se faire accompagner par un avocat ou un expert-comptable pour vous aider à faire le bon choix.
Étape 5 : réaliser les formalités d’ouverture de votre entreprise
Tout dépend ici du statut juridique que vous aurez choisi pour votre food truck. Diverses formalités devront être réalisées :
- Rédaction des statuts de votre société ;
- Publication d’un avis de constitution dans un journal d’annonces légales (JAL) ;
- Réaliser les formalités d’immatriculation auprès du Guichet Unique disponible sur le site de l’INPI.
Monter son food truck : la règlementation à respecter
Obtenir une autorisation pour chaque emplacement
Que vous souhaitiez occuper un emplacement public ou privé, il convient d’obtenir les autorisations appropriées.
Pour stationner votre véhicule sur un emplacement privé, il sera nécessaire d’obtenir l’autorisation du propriétaire des lieux. Si, à l’inverse, vous souhaitez installer votre food truck sur un emplacement public, vous devrez obtenir une autorisation d’occupation temporaire (AOT) du domaine public. Deux types d’autorisations s’appliquent à l’activité de food truck :
- Le permis de stationnement, qui est destiné au commerce dont l’occupation de l’espace public est sans emprise au sol fixe. Les démarches d’obtention varient selon les communes. Il s’agit soit d’un formulaire propre à votre commune, soit du formulaire cerfa n°14023. Si votre demande est acceptée, vous devrez payer une redevance, appelée droit de voirie. Le prix varie selon divers éléments : durée d’utilisation (annuelle, saisonnière), valeur commerciale de l’emplacement, étendue de la surface utilisée.
- La demande d’emplacement, si vous souhaitez installer votre food truck sur un marché, ou dans les halles couvertes d’un marché. La demande se fait auprès de la mairie, du placier municipal ou de l’organisateur de l’événement. Si elle est acceptée, vous devrez payer un droit de place.
Attention : l’installation d’un food truck sans AOT, sans respect des termes d’une AOT ou sans paiement de la redevance entraîne une amende de 1 500 €. Il convient donc d’être vigilant et d’obtenir toutes les autorisations nécessaires à l’exercice de votre activité.
Afin d’obtenir l’AOT, le food truck devra respecter certaines conditions :
- Ne pas créer une gêne à la circulation du public notamment pour les personnes dont la mobilité est réduite ;
- Préserver la tranquillité et l’accès aux immeubles des riverains ;
- Respecter les règles d’hygiène ;
- Respecter les dates et horaires fixés par l’AOT.
Obtenir une licence pour vendre de l’alcool
Si vous souhaitez proposer la vente des boissons alcoolisées, il est impératif d’obtenir la licence adéquate. Les marchands ambulants, tels que les food trucks, ne sont concernés que par un type de licence.
Pour vendre des boissons fermentées non distillées (vin, bière, cidre, etc.), crème de cassis, jus de fruits/légumes comprenant au moins 3° d’alcool, liqueurs comprenant moins de 18° d’alcool, vous devrez obtenir la petite licence à emporter.
Attention : il est formellement interdit aux commerçants ambulants de vendre des boissons alcoolisées des groupes 4 et 5 telles que le rhum et autres alcools distillés. La vente d’alcool sans licence ou en dehors des conditions prévues est punie de 3750€ d’amende et peut entraîner la fermeture de l’établissement.
Les formalités d’obtention de la petite licence à emporter sont relativement simples. Il convient simplement de respecter les étapes suivantes :
- Obtention d’un permis d’exploitation, attribué suite au suivi d’une formation d’une vingtaine d’heures. Celle-ci porte sur la prévention et la lutte contre l’alcoolisme, la protection de mineurs, la répression de l’ivresse publique, la lutte contre le bruit. Ce permis est valable 10 ans et renouvelable en effectuant une nouvelle période de formation de 6 heures.
- Déclaration préalable en mairie, au moins 15 jours avant l’ouverture de votre food truck, sa mutation (changement de propriétaire/gérant) ou sa translation (déplacement de la licence d’un local à un autre dans la même commune). Le formulaire Cerfa n° 11542*05 est à transmettre à la mairie compétente.
Réaliser une déclaration auprès de la DDCPP
Une fois le permis d’installation obtenu, il est nécessaire de réaliser une déclaration auprès de la Direction départementale en charge de la protection des populations (DDCPP). Cette déclaration est obligatoire dès lors que vous commercialisez des denrées alimentaires contenant des produits d’origine animale. Elle doit être effectuée avant ouverture et à chaque changement d’exploitant, d’adresse ou d’activité, et s’effectue en ligne sur le portail du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Obtenir la carte de commerce (ou artisan) ambulant
Dès lors que l’exploitant du food truck exerce l’activité ambulante dans une autre commune que celle de son siège social (qui le plus souvent sera le domicile du gérant), il sera obligé de faire la demande d’une carte d’activité ambulante.
La carte de commerçant ambulant est obligatoire uniquement si l’activité est exercée en dehors de la commune de domiciliation du professionnel. Ainsi, un commerçant ou un artisan, qui exerce son activité sur un emplacement situé dans la commune de son domicile ou de son établissement principal, n’est pas obligé de détenir la carte de commerçant non sédentaire.
Le professionnel qui souhaite obtenir une carte de commerçant ou d’artisan ambulant devra en faire la demande. Il convient alors de remplir le formulaire Cerfa n°14022 et de le déposer auprès du centre de formalités dont il dépend selon la nature de l’activité exercée :
- La chambre du commerce et de l’industrie (CCI) si l’activité est commerciale ;
- La chambre des métiers si l’activité est artisanale.
Cette démarche coûte 30€. Une fois obtenue, la carte est valable 4 ans et peut être renouvelée.
Attention : la carte de commerçant ou artisan ambulant n’est pas à elle seule suffisante pour avoir le droit d’exercer son activité sur la voie publique. Une autorisation d’installation sur le domaine public est également nécessaire.
S’informer sur la règlementation applicable
Normes applicables aux établissements recevant du public
Comme tout autre établissement recevant du public (ERP), votre camion doit respecter certaines règles. Cette règlementation peut être consultée en ligne.
Normes sanitaires et d’hygiène
Le fait de proposer des aliments à la vente soumis à manipulation dans le but d’être consommés par des clients est soumis à des règles d’hygiène très strictes. En somme, vous êtes soumis aux mêmes obligations qu’un restaurateur traditionnel.
Ainsi, au moins une personne travaillant de le food-truck devra obligatoirement être formée à la méthode HACCP. Si vous n’avez pas de salarié, ce sera vous (le dirigeant).
De plus, avant l’exploitation du food-truck, une déclaration d’existence auprès des services sanitaires est obligatoire. Ces derniers effectueront une inspection préalable du camion pour vérifier sa conformité au regard notamment des normes de conservation des aliments.
Bon à savoir : la loi PACTE de 2019 modifie la réglementation concernant le Stage de Préparation à l’Installation (SPI). Autrefois obligatoire pour tous les artisans créateurs d’entreprise (sauf cas précis de dispense), les artisans peuvent désormais se lancer dans la création de leur auto-entreprise sans cette formation.
Quel budget pour ouvrir un food truck ?
Il est important de prévoir un budget suffisant pour assurer le lancement de votre activité dans de bonnes conditions. Divers frais doivent entrer en compte dans le budget de démarrage de votre entreprise :
- Le véhicule : le coût de l’achat ou de la location d’un food truck peut varier considérablement, selon la marque, le modèle et l’état du véhicule. Comptez au minimum 50 000 euros pour l’achat d’un food truck neuf, ou entre 500 et 2 000 euros par mois pour la location d’un food truck.
- L’équipement : vous aurez besoin d’équipements de cuisine tels que des fours, des réfrigérateurs, des éviers, des placards, etc. Comptez environ 5 000 à 10 000 euros pour l’achat de cet équipement.
- Les frais de création d’entreprise : vous devrez régler des frais de création d’entreprise selon votre statut juridique. Comptez environ 300 à 500 euros pour ces frais.
- Les frais de lancement : vous devrez également prévoir des frais de lancement tels que la conception de votre logo, la création de votre site web, la réalisation de supports de communication, etc. Comptez environ 1 000 à 3 000 euros pour ces frais.
Selon votre concept et vos besoins, l’investissement nécessaire peut aller de 10 000€ à plus de 100 000€.
Quel salaire puis-je espérer ?
Il est difficile de donner un salaire précis pour un food truck, car cela dépend de nombreux facteurs tels que le type de nourriture que vous proposez, le prix de vente de vos produits, la fréquentation de votre food truck, les coûts d’exploitation de votre véhicule, etc.
En tant que propriétaire d’un food truck, votre salaire dépendra de la rentabilité de votre entreprise. Si votre food truck génère suffisamment de bénéfices, vous pourrez vous rémunérer un salaire. Si votre food truck ne génère pas assez de bénéfices, vous devrez peut-être travailler sans rémunération ou avec un salaire très faible.