Création SAS ou SASU : la constitution du capital social

Table des matières

La constitution du capital social est l’une des étapes de création d’une SAS ou SASU. Le capital social d’une SAS ou SASU est constitué des apports en numéraire ou en nature de l’associé unique (SASU) ou des actionnaires (SAS) pour la création de la société. L’argent versé au capital social est bloqué durant les étapes de création. Le capital social correspond à la valeur d’origine de l’entreprise et participe à son financement.

En SAS ou SASU, la loi n’impose aucun montant minimum, 1 â‚¬ suffit. Mais, le capital social sert Ă©galement Ă  repartir les pouvoirs (droit de vote) et les droits (redistribution des rĂ©sultats) parmi les actionnaires.

Vous comprenez donc pourquoi la constitution du capital social et son montant ne sont pas une chose à prendre à la légère. On vous explique tout cela !

Le rĂ´le du capital social dans une entreprise

Afin de vous aider à bien déterminer la composition et le montant de votre capital social, il vous faut en comprendre les différents rôles. Ce n’est qu’à partir de là que vous pourrez faire un choix stratégique. Il vous faudra par ailleurs choisir entre un capital fixe ou variable.

Tout d’abord, le capital social est un support de financement. Il contribue à l’auto-financement de la SAS ou SASU en permettant d’avoir suffisamment de fonds disponibles pour démarrer l’activité de l’entreprise. Par la suite, si l’entreprise doit financer son activité grâce à ses recettes (entrées d’argent), le capital social peut néanmoins permettre de faire face à des pertes si la société manque de fonds propres.

Comme nous le disions, le capital social permet de rĂ©partir les pouvoirs et droits entre les actionnaires :

  • droit de vote au sein des assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales ;
  • conditions de redistribution des bĂ©nĂ©fices (dividendes).

L’actionnaire unique de la SASU bénéficie donc de tous les droits et pouvoirs. En effet, en contrepartie de leurs apports, les actionnaires reçoivent des actions sociales. De manière générale, une action donne droit à un droit de vote. Aussi, plus un actionnaire possède d’actions et plus son vote est important. Le principe est le même quant aux dividendes.

Prenons l’exemple d’une SAS constituĂ©e de deux actionnaires. Son capital social est de 1 000 â‚¬. L’actionnaire A a apportĂ© 700 â‚¬ et l’actionnaire B, 300 â‚¬. L’actionnaire A possède donc 70 % d’actions et l’actionnaire B, 30 %. Cela signifie que le vote de l’actionnaire A est plus important et qu’il peut se voir verser 70 % des bĂ©nĂ©fices au titre des dividendes. 

Bon Ă  savoir : Les statuts de la sociĂ©tĂ© permettent de prĂ©voir une redistribution diffĂ©rente des pouvoirs, on parle d’actions de prĂ©fĂ©rence. Dans une telle situation, l’actionnaire B possĂ©dant 30 % du capital social pourrait alors devenir majoritaire en termes de droit de vote ou se voir verser davantage de dividendes. Les actions de prĂ©fĂ©rences sont l’une des grandes spĂ©cificitĂ©s de la SAS.

Enfin, il ne faut pas négliger l’importance du capital social sur l’image de l’entreprise. Que ce soit pour les investisseurs potentiels, les banques, les partenaires commerciaux, etc., le capital social sert de garantie. Il apporte de la crédibilité au projet et à l’entreprise. Un capital social peu élevé peut limiter les possibilités d’obtenir un emprunt bancaire, par exemple.

La composition du capital social de la SAS ou SASU

Comme pour toutes les entreprises, le capital social d’une SAS ou SASU se compose :

  • d’apports en numĂ©raire, c’est-Ă -dire en argent ;
  • et/ou d’apports en nature correspondant Ă  tous les biens apportĂ©s dans l’entreprise : bien immobilier, fonds de commerce, matĂ©riels, vĂ©hicules, brevets, etc. ;
  • et/ou d’apport en industrie (compĂ©tences, savoir-faire, clientèle, etc.).

Toutefois, les apports en industrie n’entrent pas dans le capital social, car ils sont difficilement chiffrables. En revanche, ils peuvent permettre d’acquĂ©rir des droits sur les bĂ©nĂ©fices et un pouvoir de dĂ©cision lors des assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales. Ces conditions doivent ĂŞtre dĂ©finies dans une clause sur les modalitĂ©s de souscription des actions en industrie dans les statuts juridiques. 

En parlant des statuts juridiques, il faut savoir qu’ils doivent contenir certaines informations obligatoires relatives Ă  la composition du capital social : 

  • le montant du capital social pour un capital fixe ou la clause de variabilitĂ© pour un capital social variable (on en parle juste après) ;
  • la part du capital social reprĂ©sentĂ©e par chaque catĂ©gorie d’actions Ă©mises ou la valeur nominale des actions qui les composent ;
  • la nature des actions (nominatives ou au porteur sous certaines conditions) ;
  • le nombre d’actions ainsi que la valeur et les droits qui y sont attachĂ©s ;
  • pour les apports en nature : le dĂ©tail de chaque apport effectuĂ©, l’identitĂ© de l’apporteur et le nombre d’actions reçues en contrepartie ;
  • pour les apports en numĂ©raire : 
      • l’identitĂ© de chaque apporteur ;
      • le montant de l’apport en numĂ©raire rĂ©alisé ;
      • le nombre d’actions reçues en contrepartie de la somme ;
      • les modalitĂ©s de libĂ©ration retenues (sachant que la moitiĂ© doit ĂŞtre obligatoirement libĂ©rĂ©e Ă  la crĂ©ation) ;
      • l’identitĂ© de l’entitĂ© oĂą les fonds ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s, le montant des fonds dĂ©posĂ©s et la date du dĂ©pĂ´t.

La nature de capital social : fixe ou variable

Enfin, il faut dĂ©terminer la nature du capital social : fixe ou variable. Le capital social fixe correspond Ă  un montant prĂ©cis qui ne peut Ă©voluer Ă  la baisse comme Ă  la hausse que sur dĂ©cision exceptionnelle de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale. Il est possible d’en modifier le montant durant la vie de l’entreprise (augmentation ou rĂ©duction), mais cela nĂ©cessite de rĂ©aliser certaines formalitĂ©s (mise Ă  jour des statuts, publication d’une annonce lĂ©gale, dĂ©pĂ´t d’un dossier de demande de modification d’une personne morale auprès du greffe via le Guichet unique).

Comme son nom l’indique, le capital social variable permet une plus grande souplesse, car aucune démarche n’est nécessaire en cas d’augmentation ou de réduction dès lors que les seuils définis dans les statuts sont respectés. En effet, les actionnaires doivent définir un seuil minimum (seuil plancher) et un seuil maximal (seuil plafond). C’est ce que l’on appelle la clause de variabilité.

Mais, rappelons que le capital social sert aussi de garantie. Aussi, gĂ©nĂ©ralement, les banques prĂ©fèrent une entreprise avec un capital social fixe, signe d’une plus grande stabilitĂ© et de sĂ©curitĂ©. 

Le montant du capital social de la SAS ou SASU

Comme nous le disions, la loi n’impose aucun montant minimum pour le capital social d’une SAS ou SASU. Il est tout Ă  fait possible de crĂ©er une entreprise avec un capital de 1 â‚¬. Mais grâce Ă  tout ce qui prĂ©cède, vous en imaginez certainement les limites.

Alors oui, l’absence d’un montant minimum permet de crĂ©er une entreprise avec peu de moyens financiers. Toutefois, ce n’est pas toujours une bonne idĂ©e et ce n’est pas forcĂ©ment compatible avec l’ampleur de votre projet et les moyens financiers qu’il demande. Autrement dit, ce serait se tirer une balle dans le pied en ne rĂ©unissant pas toutes les chances de rĂ©ussite pour votre projet. 

De plus, même si votre projet demande peu de moyens financiers, un capital social peu élevé peut nuire à votre entreprise en fonction de votre secteur d’activité.

Enfin, si vous avez besoin d’un crĂ©dit bancaire, une banque peut se montrer assez rĂ©fractaire. Comme pour toute demande de crĂ©dit (y compris personnel), les banques apprĂ©cient que les demandeurs aient un apport. C’est identique ici. Le capital social reprĂ©sente l’apport des actionnaires (ou associĂ© unique). De plus, cela dĂ©montre qu’ils croient en leur projet puisqu’ils y investissent. 

Le dépôt du capital social à la création de la SAS ou SASU

Le dépôt du capital social de votre SAS ou SASU doit être réalisé auprès d’une banque (traditionnelle ou en ligne). C’est le cas le plus fréquent. Si tel est votre choix, il faut créer un compte bancaire professionnel puis déposer le capital social sur un compte bloqué (en espèce, chèque ou virement bancaire). Toutefois, il est aussi possible de le déposer auprès d’un notaire. Attention, il n’est plus possible de déposer le capital social à auprès de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) depuis 2021.

Bon Ă  savoir : Le capital social reprĂ©sente la valeur totale des biens et la somme d’argent que les actionnaires ont annoncĂ© apporter Ă  la sociĂ©tĂ© lors de sa constitution. En rĂ©alitĂ©, on parle de capital souscrit (ou souscription au capital). Il s’agit d’une promesse d’apport. La libĂ©ration du capital de la sociĂ©tĂ© correspond alors au versement des fonds par les actionnaires sur le compte bloquĂ©. On parle alors de capital libĂ©rĂ© ou de la rĂ©alisation effective des apports.

Il est possible de faire une libĂ©ration totale ou partielle. Mais sachez qu’il est obligatoire de libĂ©rer au moins 50 % du montant du capital social lors de la constitution de la SAS ou SASU. Le reste doit ensuite ĂŞtre libĂ©rĂ© dans un dĂ©lai maximum de cinq ans.

Attention, certaines banques peuvent refuser le dĂ©pĂ´t du capital social si son montant n’est pas assez Ă©levĂ©. 

Une fois le capital social déposé, la banque, Caisse des dépôts ou le notaire établit un certificat. Il s’agit d’une attestation de dépôt de fonds certifiant que le capital social a bien été versé par les actionnaires sur un compte bloqué. Cette attestation vous sera demandée lors de votre demande d’immatriculation de la société.

Le déblocage des fonds intervient seulement lorsque l’entreprise est immatriculée. L’immatriculation donne une existence juridique à la société. Dès lors, le dirigeant peut demander le déblocage des fonds. Pour cela, il lui suffit de présenter l’extrait Kbis au dépositaire des fonds qui se chargera alors de verser les fonds sur le compte bancaire de la SAS ou SASU.

 

Les diffĂ©rents choix Ă  opĂ©rer ici (montant du capital, nature de capital, montant du capital libĂ©rĂ©, etc.) sont importants et doivent ĂŞtre bien rĂ©flĂ©chis. S’il est tentant d’opter pour le montant minimum, cela pourrait porter prĂ©judice Ă  votre entreprise. Il s’agit de trouver le bon compromis entre les moyens financiers des actionnaires, les moyens nĂ©cessaires, le secteur d’activitĂ© et l’ampleur du projet. Autrement dit, il s’agit d’un choix stratĂ©gique. SĂ»rement l’un des premiers que les actionnaires devront faire pour l’entreprise. 

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